ROBESPIERRE (Augustin)

Augustin Bon Joseph de Robespierre

Augustin Robespierre

Age : Né à Arras, 31 ans en Thermidor an II

Adresse : rue (Saint-)Florentin

Métier : Avocat

Fonction(s) : Elu député de Paris à la Convention le 16 septembre 1792, représentant en mission de juillet 1793 à juin 1794.

Sommaire

Origine et débuts politiques d’Augustin Robespierre

  • personnalité. Il est mentionné dans les Mémoires de Charlotte de Robespierre, qu’« Augustin, aux dires toutes les personnes qui le connurent, avait plus de talents naturels que Maximilien (…) mais il avait moins d’aptitude au travail que mon frère aîné (…) Maximilien et moi, nous lui reprochions souvent ses goûts oisifs. Nous l’exortions à se créer des occupations. Quelquefois nos mercuriales faisaient rentrer Augustin en lui-même ; il se mettait à travailler avec une ardeur trop vive pour qu’elle fut durable. »(1)cf. Sergio LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, Arlea, 2010, p. 123

De cinq ans le cadet de Maximilien, Augustin Robespierre fut comme lui envoyé à Louis-Le-Grand avant de devenir avocat à Arras. Quand son frère commença à se faire connaître à l’Assemblée constituante, il participa à la fondation du club arrageois des Jacobins. Il devint également administrateur du Pas-de-Calais avant d’être élu procureur-syndic de la ville d’Arras. Malgré le soutien de Lebon durant la campagne électorale de 1792, il ne parvint pas à se faire élire dans son département. Il fut en revanche élu à Paris le 16 septembre, dans une assemblée électorale largement contrôlée par Robespierre. Il partit alors s’installer dans la capitale, en même temps que sa sœur(2)cf. Sergio LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, Arlea, 2010, pp. 27-30.

Très investi dans le club des Jacobins, il demanda que les membres de cette société accompagnent les députés envoyés en mission. Adversaire prononcé des Girondins, il appela dès le 20 avril 1793 au soulèvement des sections parisiennes, et aurait pointé le 2 juin un pistolet vers Lanjuinais(3)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, Arlea, 2010, p. 32.

Augustin Robespierre représentant en mission

Mission en Provence (juillet-décembre 1793)

Nommé représentant en mission auprès de l’armée d’Italie aux côtés de Ricord le 19 juillet 1793(4)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, Arlea, 2010, p. 35, Augustin Robespierre faillit être capturé le mois suivant après leur arrivée à Manosque(5)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 45-46. Ils furent accompagnés par l’épouse de Ricord et Charlotte Robespierre, laquelle retourna à Paris durant l’automne, visiblement brouillée avec son frère(6)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 59-62.

Arrivés à Nice en septembre, il font arrêter un officier, Escudié, frère d’un député montagnard à la Convention, qui répandait dans la ville la rumeur de leur arrestation prochaine. Augustin dut justifier cette décision au Comité de salut public, alarmé par son frère conventionnel. Il vanta en revanche auprès de Maximilien les mérites du jeune officier d’artillerie Napoléon Buonaparte. Après la reprise de Marseille et Lyon, Robespierre jeune et Ricord se tournent vers Toulon, conjointement avec Salicetti, Barras et Fréron(7)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 50-53.
A la mi-décembre 1793, Robespierre jeune participa à la reprise du port de Toulon avant de retourner presque aussitôt à Paris. Ayant averti la capitale que leur politique ultra répressive ne saurait être différée par d’autres représentants extérieurs aux problèmes, Barras et Fréron s’inquiétèrent d’une opération montée à leur encontre avec Ricord(8)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 70-76.

Missions en Franche-Comté et dans les Alpes-maritimes (janvier-juin 1794)

Lors de son bref retour à Paris, Augustin Robespierre attaqua Hébert pour son soutien à la politique de déchristianisation. Son frère désavoua alors cette initiative et il fut, peu après, renvoyé en mission en Haute-Saône(9)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 86-87. Accompagné par la ci-devant marquise de la Saudraye — et peut être influencé par elle — il ordonna de nombreuses libérations de prisonniers dans le département, contrariant d’autres représentants en mission comme J.-M. Duroy, S. Lejeune et surtout Bernard de Saintes, qui s’en plaignirent au Comité de salut public ou directement à son frère(10)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 87-99. Augustin lui-même justifia ainsi sa conduite auprès de ceux-cis : « On ne peut et (…) on ne doit plus révolutionner un pays déjà révolutionné » ; « J’ai rencontré des milliers d’intrigants, qui répètent ton nom avec emphase (…) ; les sots se laissent attraper par ces imposteurs qui se glissent dans toutes les administrations, dans tous les comités ; guerre aux fripons, mon cher ami, guerre aux fripons »(11)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 99-100.

Sa mission dans les Alpes-maritimes fut exempte de troubles religieux. Durant le printemps de l’an II, il participa à une campagne militaire à l’est de ce département aux côtés du général de brigade Buonaparte, qui anticipait sa future campagne d’Italie. Augustin veilla à ce que n’y fut perpétré aucune persécution de la foi catholique(12)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 111, 117.
Les condamnations à mort prononcées sous le proconsulat de Robespierre Jeune s’élevèrent à zéro en Haute-Saône et sept dans les Alpes-Maritimes(13)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, p. 139.

Retour d’Augustin Robespierre à Paris

Implication d’Augustin Robespierre contre Lebon

Alerté par Guffroy et l’avocat arrageois Buissart dès son retour de mission en messidor an II, Robespierre jeune se serait opposé de plus en plus nettement au proconsulat exercé à Arras par Joseph Lebon(14)cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 127, 136-137.

Activité aux Jacobins

Le 23 messidor aux Jacobins, Augustin prend la parole après que Dubois-Crancé et Fouché aient été mis en cause par Couthon et son frère ainé. Il témoigne des tentatives infructueuses pour le séparer de lui, déplore, comme Maximilien deux jours auparavant(15)cf. Alphonse AULARD, La Société des Jacobins t. VI, Paris, 1897, p. 213, la torpeur dans laquelle serait plongée la Société et en appelle à un sursaut patriotique(16)cf. A. AULARD, La Société des Jacobins t. VI, p. 218.

Le 1er thermidor, à propos de l’admission de Gouillard, juré au Tribunal Révolutionnaire, il se plaint que la société accueille trop facilement des citoyens venant des départements sans enquête préalable. Défendu par son collègue Renaudin, Gouillard finit par être admis(17)cf. Réimpression de l’ancien Moniteur t. XXI, Paris, Plon, 1861, pp. 285-286 ; A. AULARD, La Société des Jacobins t. VI, pp. 230-231.

Le 3 thermidor, Augustin se prononça sur la situation du Pas-de-Calais(18)cf. A. MATHIEZ, Divisions dans les comités de gouvernement à la veille du 9 thermidor in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 167-168, peut-être informé par Deschamps, aide de camp d’Hanriot (dont Billaud-Varenne dira durant l’an III qu’il avait été envoyé dans l’armée du nord pour contrecarrer l’influence de Carnot(19)cf. Mémoire inédit de Billaud Varenne, Revue Historique de la Révolution Française, avril-juin 1910, p. 166).

Augustin Robespierre pendant le 9 thermidor

Arrestation puis incarcération

Après avoir été décrétés d’arrestation à la séance de la Convention, Robespierre, Saint-Just, Couthon, Le Bas et Augustin Robespierre sont amenés vers 17 h. dans les locaux du Comité de sûreté générale. Peu de temps après, Hanriot et ses aides de camp essayent de s’y introduire pour les délivrer(20)Rapport du brigadier de gendarmerie Jeannolle daté du soir même. Cf. A. N., F7 4432. Il les rejoint, garrotté, après s’être fait maîtriser par les gendarmes des tribunaux (Courtois mentionne pour sa part cinq gendarmes à cheval de la 29e division(21)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 219, d’après Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor (…), Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, p. 65 (notes 4 & 5)). Constatant qu’ils essayaient de communiquer avec Hanriot, les cinq députés sont bientôt conduits par l’huissier Chevrillon dans le secrétariat du Comité(22)cf. E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Paris, Impr. nat., an IV, pp. 66-67 (note 2, attestation de Chevrillon) ; A. N., F7 4432 (ordre de transfert du Comité de sûreté générale). On leur sert à diner avant de les expédier dans leurs prisons respectives entre 18h30 et 19 h.(23)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 221 ; A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 210-211

Augustin Robespierre est d’abord conduit à la prison de Saint-Lazare par le gendarme de la trente-unième division Surivet, le brigadier Belor et le citoyen Charles, porteur de l’ordre. Faute de place pour mettre leur prisonnier au secret(24)cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre » pp. 210-211, ils prennent le parti de le conduire à La Force où se trouvait déjà incarcéré Le Bas, en contradiction avec la consigne de disperser les cinq députés arrêtés. Alors qu’ils faisaient enregistrer le détenu chez le concierge, deux administrateurs de police accompagnés d’une force armée font irruption et réclament Augustin qui est libéré après une courte dispute(25)cf. E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XIX (2e pièce), p. 113 ; Michel BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, chap. V note 56, p. 292.

Libéré par la Commune

Exfiltré de la prison de La Force, Augustin Robespierre est conduit à l’Hôtel de Ville vers 21 h.(26)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 259 (note 3), d’après le rapport de Bodson le jeune, du Comité révolutionnaire de la section Révolutionnaire (A. N., F7 4432 pl. 9 30) ; E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XIX (2e pièce), p. 112 Premier des députés arrêtés en début d’après midi arrivé à la Commune, il prend aussitôt la parole devant le Conseil général. Il défend la Convention dans son ensemble, à l’exception de quelques factieux (il nomme Collot d’Herbois, Bourdon de l’Oise, Rühl, Du Barran et Amar) auxquels il prête le dessein de « tirer [de la Prison du Temple] le jeune Capet ». Pour appuyer ses dires sur l’inauthenticité des ordres qui sont mis en circulation (peut-être pour remettre en question celui qui défendait aux chefs de légion d’obéir à Hanriot), il révèle que David est alité, alors que son nom figure sur les arrêtés pris par les deux comités de gouvernement réunis(27)cf. B. BACZKO, Comment sortir de la Terreur, Gallimard, 1989, pp. 22-23 ; Séance extraordinaire du 9 thermidor — Procès-verbal de la séance, in P.-J.-B. BUCHEZ & P.-C. ROUX, Histoire parlementaire de la Révolution, t. XXXIV, p. 52 ; A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », pp. 212-214 (+ note), d’après les témoignages du notable Fréry (A. N., W 79) et de l’officier municipal Guyot (A. N., F7 4432) ; P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 260 (+ note 1), d’après le récit des commissaires civils de la section du Faubourg-du-Nord (A. N., AFII 47 pl. 365 57) et le précis du Comité révolutionnaire de la section de Popincourt (AFII 47 pl. 366 37).

C’est après son discours que le Conseil général décide d’envoyer à Robespierre aîné une délégation pour l’inviter à le rejoindre(28)cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », pp. 214, 215, 217, d’après le Procès verbal de la Commune. Vers 23 h., Augustin Robespierre aurait ordonné que l’on emprisonne un citoyen ayant protesté de la rébellion du Conseil général contre la Convention, et se serait écrié : « Assommez-le, assommez-le ! »(29)Témoignage de Juneau, marchand fripier, qui prit Augustin pour son frère ainé. Cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », pp. 220-221, d’après E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XXXIV, p. 197

Augustin Robespierre pendant le 10 thermidor

Courtois précise que c’est Augustin qui rédigea le billet qui devait décider Couthon à rejoindre à l’Hôtel de Ville ses collègues arrêtés dans la journée :
« Couthon, tous les patriotes sont proscrits, le peuple tout entier est levé ; ce serait le trahir que de ne pas te rendre avec nous à la Commune, où nous sommes actuellement.
Signé : Robespierre aîné, Robespierre jeune, Saint-Just »(30)cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », p. 221, d’après E.-B. COURTOIS, Rapport fait au nom de la Commission chargée de l’examen des papiers trouvés chez Robespierre et ses complices, Paris, Maret, an III, p. 183.

Vers 1h30 du matin le 10 thermidor, on retrouve Augustin Robespierre dans la salle de l’Egalité en compagnie de son frère ainé, Coffinhal, Le Bas et Hanriot alors que Morel puis Longueville-Clémentières sont successivement interrogés, le premier ayant dénoncé le second. Respectivement secrétaire et agent du Comité de sûreté générale, ceux-ci revendiqueront par la suite s’être introduits à l’Hôtel de Ville pour assassiner Hanriot, conformément à ce qu’autorisait sa mise hors-la-loi. Ils sont incarcérés en attendant d’être fusillés(31)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 288 (+ note 2), d’après les récits de Morel et de Longueville-Clementières (A. N., F7 4774 52, W 79 pp. 4-8) ; A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », p. 221.

Tentative de suicide et nouvelle incarcération

Un des membres de la députation de l’assemblée générale de la section de l’Indivisibilité rapportera qu’à l’irruption de son frère blessé après sa tentative de suicide dans la salle du Conseil général, Robespierre Jeune serait entré dans un accès de rage que seule une dizaine d’hommes parvint à maîtriser. Après que Maximilien aurait demandé qu’on l’achève, Augustin aurait pour sa part fait vœu de rejoindre celui-ci(32)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 296, d’après A. N., F7 4432 pl. 7 6.

A l’approche des troupes conventionnelles, Augustin fut aperçu par des hommes de la section de la Maison-Commune sortir d’une fenêtre et se promener « les souliers à la main » sur la corniche de l’Hôtel de Ville. Au terme de plusieurs minutes, peut être après lecture de la déclaration de la Convention par l’un de ses membres, il se serait jeté du haut d’une croisée de l’édifice vers 2h15(33)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, pp. 298, 305 (note 4), d’après le rapport de Bodson le jeune, du Comité révolutionnaire de la section Révolutionnaire (F7 4432 pl. 9 30) ; Procès verbal de l’assemblée générale de la section de la Maison-Commune (AFII 47 pl. 365 18) ; E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XXXVIII, pp. 204-205 (témoignages de Joseph Feucher et Jacques Meunier devant le comité civil de la section de la Maison commune).

Ayant heurté deux assaillants de la Commune au terme de sa chute, son bassin aurait heurté un sabre ou une baïonnette. Grièvement blessé, Augustin Robespierre est ramené en chaise au comité civil de la section de la Maison-Commune par un instituteur de l’école de Léonard Bourdon. Le rapport descriptif de son état, à ce jour introuvable, l’aurait qualifié d’intransportable(34)cf. Procès verbal de l’assemblée générale de la section de la Maison-Commune (AFII 47 pl. 365 18) ; Michel BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, note 67 du chap. V, pp. 294-295, d’après E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XXXVIII, pp. 203-206.

  • Le 30 thermidor, la trente-neuvième compagnie de la force armée de la section des Gravilliers adresse une demande d’aide soutenue par Léonard Bourdon concernant l’un de ses membres, Claude Chabru, grièvement blessé et handicapé depuis qu’il aurait été percuté par la chute d’Augustin Robespierre au petit matin du 10 thermidor(35)cf. Un incident de la journée du 9 thermidor, in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. LVI, 1911, pp. 238-239, d’après A. N. ? (cote non précisée).

Il fut pourtant en mesure de répondre à deux interrogatoires où il témoigna s’être défenestré volontairement, incrimina Panis (qui aurait cherché à le monter contre Collot d’Herbois) et surtout Carnot, désigné comme l’un des principaux conspirateurs. Il dit ensuite qu’on lui avait « rendu un bien mauvais service » en le tirant de la prison de La Force(36)cf. E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XXXVIII, pp. 204-205 ; A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », p. 228. Représentant Barras, ses commissaires, Boutroux, Haverland et Désormeaux répondirent aux réserves du personnel de la section qu’Augustin devait être transféré « dans quelque état qu’il puisse se trouver », ainsi que ses effets personnels, au Comité de sûreté générale(37)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 308, d’après E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XXXVIII, p. 206.

Transfert tardif au Tribunal révolutionnaire et exécution

Comme ce fut le cas pour Fleuriot-Lescot, Augustin Robespierre n’était toujours pas été transféré à la Conciergerie quand débuta à 13 h. l’audience du Tribunal révolutionnaire. Probablement pour cette raison, celle-ci s’interrompt l’heure suivante et Fouquier-Tinville envoie deux gendarmes pour les ramener. Le Comité de sûreté générale, dans lequel ils demeuraient détenus, leur remit vers 15 h. un billet les avisant de la remise de « Robertspierre jeune », qui arriva au Tribunal Révolutionnaire sur un brancard. Ce serait le substitut de Fouquier, Liendon, qui après la réouverture de l’audience en milieu d’après-midi, aurait requis l’application de la mise hors-la-loi à son encontre(38)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II, pp. 320-321 (+ note 2), d’après A. N., W 434 975, Emile CAMPARDON, Le Tribunal révolutionnaire de Paris, Paris, Plon, 1866, t. 2, pp. 269-270.

Avec son frère, Couthon, Saint-Just, Hanriot et son second Lavalette, Dumas, Payan, Fleuriot-Lescot et 13 membres de la commune dont Vivier (qui présidait les Jacobins depuis deux jours), il fait partie des 22 à être reconnus hors-la-loi lors de cette audience, exceptionnelle un jour de décadi. Réparti en trois charrettes, leur convoi quitte le Palais de Justice à 18 h. Accompagné par une foule nombreuse et s’étant arrêté à de multiples reprises, celui-ci n’arrive que vers 19h30 place de la Révolution. Augustin Robespierre serait passé en second sur l’échafaud, après Couthon(39)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II, pp. 322-323, d’après Journal de Perlet n°675 (12 thermidor an II).

Après 21 h. à la Convention, Dumont annonce que « les têtes des monstres viennent de tomber sous le glaive de la loi ». Il accuse ensuite Augustin Robespierre d’enrichissement personnel pendant sa mission auprès de l’armée d’Italie avec la complicité du banquier Haller. Dumont dit s’appuyer sur les dires de Laffont, juge de paix de l’armée, arrêté par Augustin et détenu au même endroit que son propre frère(40)Dumont aurait parlé vers 19h30 selon l’historien Gérard Walter. Cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, p. 353 ; Gérard WALTER, Maximillien de Robespierre, ed. de 1989, pp. 487-488 ; A. ROBERT & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, Paris, Bourloton, 1890, p. 481.

Réferences

Réferences
1 cf. Sergio LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, Arlea, 2010, p. 123
2 cf. Sergio LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, Arlea, 2010, pp. 27-30
3 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, Arlea, 2010, p. 32
4 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, Arlea, 2010, p. 35
5 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 45-46
6 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 59-62
7 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 50-53
8 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 70-76
9 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 86-87
10 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 87-99
11 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 99-100
12 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 111, 117
13 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, p. 139
14 cf. S. LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, pp. 127, 136-137
15 cf. Alphonse AULARD, La Société des Jacobins t. VI, Paris, 1897, p. 213
16 cf. A. AULARD, La Société des Jacobins t. VI, p. 218
17 cf. Réimpression de l’ancien Moniteur t. XXI, Paris, Plon, 1861, pp. 285-286 ; A. AULARD, La Société des Jacobins t. VI, pp. 230-231
18 cf. A. MATHIEZ, Divisions dans les comités de gouvernement à la veille du 9 thermidor in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 167-168
19 cf. Mémoire inédit de Billaud Varenne, Revue Historique de la Révolution Française, avril-juin 1910, p. 166
20 Rapport du brigadier de gendarmerie Jeannolle daté du soir même. Cf. A. N., F7 4432
21 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 219, d’après Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor (…), Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, p. 65 (notes 4 & 5)
22 cf. E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Paris, Impr. nat., an IV, pp. 66-67 (note 2, attestation de Chevrillon) ; A. N., F7 4432 (ordre de transfert du Comité de sûreté générale)
23 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 221 ; A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 210-211
24 cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre » pp. 210-211
25 cf. E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XIX (2e pièce), p. 113 ; Michel BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, chap. V note 56, p. 292
26 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 259 (note 3), d’après le rapport de Bodson le jeune, du Comité révolutionnaire de la section Révolutionnaire (A. N., F7 4432 pl. 9 30) ; E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XIX (2e pièce), p. 112
27 cf. B. BACZKO, Comment sortir de la Terreur, Gallimard, 1989, pp. 22-23 ; Séance extraordinaire du 9 thermidor — Procès-verbal de la séance, in P.-J.-B. BUCHEZ & P.-C. ROUX, Histoire parlementaire de la Révolution, t. XXXIV, p. 52 ; A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », pp. 212-214 (+ note), d’après les témoignages du notable Fréry (A. N., W 79) et de l’officier municipal Guyot (A. N., F7 4432) ; P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 260 (+ note 1), d’après le récit des commissaires civils de la section du Faubourg-du-Nord (A. N., AFII 47 pl. 365 57) et le précis du Comité révolutionnaire de la section de Popincourt (AFII 47 pl. 366 37)
28 cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », pp. 214, 215, 217, d’après le Procès verbal de la Commune
29 Témoignage de Juneau, marchand fripier, qui prit Augustin pour son frère ainé. Cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », pp. 220-221, d’après E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XXXIV, p. 197
30 cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », p. 221, d’après E.-B. COURTOIS, Rapport fait au nom de la Commission chargée de l’examen des papiers trouvés chez Robespierre et ses complices, Paris, Maret, an III, p. 183
31 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 288 (+ note 2), d’après les récits de Morel et de Longueville-Clementières (A. N., F7 4774 52, W 79 pp. 4-8) ; A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », p. 221
32 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 296, d’après A. N., F7 4432 pl. 7 6
33 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, pp. 298, 305 (note 4), d’après le rapport de Bodson le jeune, du Comité révolutionnaire de la section Révolutionnaire (F7 4432 pl. 9 30) ; Procès verbal de l’assemblée générale de la section de la Maison-Commune (AFII 47 pl. 365 18) ; E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XXXVIII, pp. 204-205 (témoignages de Joseph Feucher et Jacques Meunier devant le comité civil de la section de la Maison commune)
34 cf. Procès verbal de l’assemblée générale de la section de la Maison-Commune (AFII 47 pl. 365 18) ; Michel BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, note 67 du chap. V, pp. 294-295, d’après E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XXXVIII, pp. 203-206
35 cf. Un incident de la journée du 9 thermidor, in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. LVI, 1911, pp. 238-239, d’après A. N. ? (cote non précisée)
36 cf. E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XXXVIII, pp. 204-205 ; A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre », p. 228
37 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 308, d’après E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor, Pièces justificatives, n°XXXVIII, p. 206
38 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II, pp. 320-321 (+ note 2), d’après A. N., W 434 975, Emile CAMPARDON, Le Tribunal révolutionnaire de Paris, Paris, Plon, 1866, t. 2, pp. 269-270
39 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II, pp. 322-323, d’après Journal de Perlet n°675 (12 thermidor an II)
40 Dumont aurait parlé vers 19h30 selon l’historien Gérard Walter. Cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, p. 353 ; Gérard WALTER, Maximillien de Robespierre, ed. de 1989, pp. 487-488 ; A. ROBERT & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. II, Paris, Bourloton, 1890, p. 481
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