Philippe-Jacques Rühl
Age : 57 ans en Thermidor an II
Adresse : Cour des Jacobins
Métier : Pasteur, archiviste
Fonction(s) : Elu député du Bas-Rhin à la Convention le 4 septembre 1792. Membre du Comité de sûreté générale le 14 septembre 1793
Sommaire
Origine et parcours politique de Rühl
Fils d’un pasteur établi à Strasbourg(1)cf. Martyn LYONS The 9nth Thermidor – Motives and effects, European Studies Review, 1975, p. 138 ; J. TULARD, J.-F. FAYARD et A. FIERRO, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Robert Laffont, 1987, pp. 1079-1080, Rühl exerça lui-même cette fonction avant d’entrer dans la cour des princes de Linange, l’un des fiefs des princes possessionnés d’Alsace. Favorable à la Révolution, il devint administrateur du Bas-Rhin avant d’être élu par ce département à l’Assemblée Législative, puis à la Convention dès le 4 septembre 1792(2)cf. A ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. V, pp. 226-227.
Le 5 décembre 1792, il présenta le rapport sur les papiers trouvés dans l’armoire de fer des Tuileries qui établit la compromission de Mirabeau avec la Cour(3)Michel BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, p. 228.
En raison d’une mauvaise santé, Rühl fut absent lors du procès de Louis XVI. Il fut également peu assidu aux séances du Comité de sûreté générale(4)cf. Michel EUDE, Le Comité de sûreté générale de la Convention, in « L’Etat et sa police en France (1789-1914) », 1979, Droz, p. 16 ; J. TULARD, J.-F. FAYARD et A. FIERRO, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Robert Laffont, 1987, p. 1080, qu’il rejoignit le 14 septembre 1793 suite au scandale de la liquidation de la Compagnie des Indes, aux côtés de Vadier, Le Bas, Boucher Saint-Sauveur, David, Panis, Lebon, Voulland et Moyse Bayle(5)cf. Emilie CADIO, Le Comité de sûreté générale (1792-1795), in La Révolution française — Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française 3|2012, p. 5 . Les membres du Comité s’étant réparti le travail par régions par le règlement du 19 octobre 1793, Rühl fut chargé, avec David et Lavicomterie, de celle de Paris(6)cf. E. CADIO, Le Comité de sûreté générale (1792-1795), in La Révolution française — Cahiers de l’IhRf 3|2012, p. 6 .
Rühl fut ensuite envoyé en mission en Marne et en Haute-Marne. Anticlérical véhément, il brisa en octobre 1793 la Sainte Ampoule devant la foule rassemblée à la cathédrale de Reims(7)cf. Martyn LYONS The 9nth Thermidor – Motives and effects, European Studies Review, 1975, p. 136.
Il fut néanmoins chargé de traduire en allemand le Rapport sur les idées religieuses de Robespierre pour les départements d’Alsace-Moselle(8)cf. Alphonse AULARD, Recueil des Actes du Comité de salut public t. XV, p. 399.
Rühl pendant le 9 Thermidor
Avant la séance de la Convention
Durant la matinée, c’est Rühl qui aurait auditionné Fouché, mandé par les comités de Salut public et de Sûreté générale suite à de possibles révélations de Saint-Just(9)D’après des propos de Collot d’Herbois tenus à la Convention le 9 thermidor suite à l’arrestation des députés robespierristes. Cf. Archives Parlementaires, t. XCIII, pp. 557 ; Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, p. 338.
Dans un mémoire probablement destiné à son intervention du 3 germinal an III, Rühl témoigna qu’à 11 h. du matin, il trouva Couthon qui tentait d’incriminer Dubois-Crancé auprès de ses collègues. Dans une longue démonstration où il s’appuyait sur des documents à charge qu’il avait amenés, il réclamait un décret d’arrestation à son encontre et défiait ses collègues des deux comités de gouvernement de le blanchir après en avoir examiné les pièces. L’épisode se prolongea jusqu’à ce que Couthon reçut un billet de Saint-Just l’informant qu’il s’était rendu directement à la Convention, au lieu de soumettre son discours à l’approbation de ses collègues comme il en avait été convenu. Après que Couthon eût déchiré la lettre pour la soustraire aux autres membres des comités, ils en déduisirent que le réquisitoire contre Dubois-Crancé n’était qu’un subterfuge destiné à leur faire perdre leur temps et permettre à Saint-Just d’aller au bout de son discours. Encouragés notamment par Rühl(10)cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 160 (note), ils coururent alors vers la Convention(11)cf. R. COBB, Les témoignages de Rühl, AHRF 1955 p. 112 ; Un discours du conventionnel Rühl, in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XIII, 1887, pp. 372-376.
Après l’arrestation de Robespierre
Vers 17h30(12)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 218 (note 3), le Général Hanriot et une cinquantaine de gendarmes firent irruption dans une salle de réunion du Comité de sûreté générale. Il appréhenda un de ses membres, probablement Amar. Rühl intervint en désignant Hanriot comme l’homme à arrêter, seulement défendu par Tramblez, caporal de la 11e compagnie de la section des Gardes-Françaises(13)cf. Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, Pièces justificatives, n°XLII, pp. 217-218. Avec Julliot, chef de la 2e légion en service auprès de la Convention alerté par le tumulte et les conventionnels Robin et Courtois, qui suivaient Hanriot depuis son approche des Tuileries, ils parvinrent à le faire maîtriser par des gendarmes des tribunaux et une partie de ceux qui l’avaient accompagné(14)cf. Françoise BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, p. 102 ; P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, pp. 218-219, d’après le rapport du brigadier de gendarmerie Jeannolle daté du soir-même, A. N., F7 4432.
Rühl après le 9 thermidor
Durant les émeutes du 1er prairial an III, Rühl tenta d’intercéder entre les révoltés et la majorité de la représentation nationale, ce qui lui valut d’être dénoncé le lendemain par Bourdon de l’Oise et décrété d’accusation. Assigné à résidence, il se poignarda le 10 prairial (29 mai 1795)(15)cf. A ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. V, p. 227 ; M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, p. 144 (+ notes 37, 38, p.290), d’après les n° des 7 et 15 prairial an III du Moniteur.
Réferences
↑1 | cf. Martyn LYONS The 9nth Thermidor – Motives and effects, European Studies Review, 1975, p. 138 ; J. TULARD, J.-F. FAYARD et A. FIERRO, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Robert Laffont, 1987, pp. 1079-1080 |
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↑2 | cf. A ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. V, pp. 226-227 |
↑3 | Michel BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, p. 228 |
↑4 | cf. Michel EUDE, Le Comité de sûreté générale de la Convention, in « L’Etat et sa police en France (1789-1914) », 1979, Droz, p. 16 ; J. TULARD, J.-F. FAYARD et A. FIERRO, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Robert Laffont, 1987, p. 1080 |
↑5 | cf. Emilie CADIO, Le Comité de sûreté générale (1792-1795), in La Révolution française — Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française 3|2012, p. 5 |
↑6 | cf. E. CADIO, Le Comité de sûreté générale (1792-1795), in La Révolution française — Cahiers de l’IhRf 3|2012, p. 6 |
↑7 | cf. Martyn LYONS The 9nth Thermidor – Motives and effects, European Studies Review, 1975, p. 136 |
↑8 | cf. Alphonse AULARD, Recueil des Actes du Comité de salut public t. XV, p. 399 |
↑9 | D’après des propos de Collot d’Herbois tenus à la Convention le 9 thermidor suite à l’arrestation des députés robespierristes. Cf. Archives Parlementaires, t. XCIII, pp. 557 ; Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, p. 338 |
↑10 | cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 160 (note) |
↑11 | cf. R. COBB, Les témoignages de Rühl, AHRF 1955 p. 112 ; Un discours du conventionnel Rühl, in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XIII, 1887, pp. 372-376 |
↑12 | cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 218 (note 3) |
↑13 | cf. Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, Pièces justificatives, n°XLII, pp. 217-218 |
↑14 | cf. Françoise BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, p. 102 ; P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, pp. 218-219, d’après le rapport du brigadier de gendarmerie Jeannolle daté du soir-même, A. N., F7 4432 |
↑15 | cf. A ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. V, p. 227 ; M. BIARD, La liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795, Taillandier, 2015, p. 144 (+ notes 37, 38, p.290), d’après les n° des 7 et 15 prairial an III du Moniteur |