Sommaire
Prisons :
En matinée, Amar et Voulland, membres du Comité de sûreté générale, rendent visite aux 72 Girondins détenus à la prison des Madelonettes(1)cf. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc., t. II, pp. 367-370.
Au Tribunal révolutionnaire :
Les 49 personnes prévenues pour la conspiration des carmes sont jugées, puis pour la plupart condamnées à mort et exécutées, parmi lesquels Alexandre de Beauharnais(2)cf. H.-A. WALLON, Histoire du tribunal révolutionnaire de Paris avec le journal de ses actes, t. V, Paris, Hachette, 1881, pp. 92 & suiv..
A la Commune :
Le maximum des salaires est promulgué, ramenant notamment le salaire d’un charpentier de 8 livres à 3 livres 13 sols, d’un tailleur de pierres de 5 livres à 3 livres 8 sols, d’un forgeron des ateliers de l’armée de 16 livres 10 sols à 5 livres 5 sols(3)cf. G. RUDÉ & A. SOBOUL, Le maximum des salaires et le 9 thermidor, AHRF 1954, pp. 1-2 ; Jean MASSIN, Almanach de la Révolution française — des Etats généraux au 9 thermidor, Club français du livre, 1963, p. 315.
Réunion plénière des Comités :
Les Comités de salut public et de sûreté générale s’étaient réunis une vingtaine de fois entre octobre 1793 et juillet 1794, principalement avant l’arrestation de personnages importants(4)cf. Michel EUDE, Le comité de sûreté générale de la Convention in « L’Etat et sa police en France (1789-1914) », 1979, Droz, p. 22 (+ note 12).
Les récits de Saint-Just (discours avorté du 9 thermidor), Barère (discours du 5 et du 7 thermidor), Robespierre (discours du 8 thermidor), Voulland (lettre envoyée à ses électeurs le 8 thermidor), Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier (leur Réponse à Lecointre) ainsi que celui de Rühl (son témoignage de germinal an III) délivrent les éléments suivants :
Robespierre se serait rendu à la réunion sur sommation des deux Comités de gouvernement, selon Barère durant sa défense de germinal an III, pour répondre de sa gestion du Bureau de Police générale, de ses dénonciations contre Fouché et de ses appels à purger la Convention. Pour Billaud-Varenne, ce fut Robespierre, mandé pour exposer les motifs de son long éloignement, qui se mua en accusateur(5)cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards, Paris, Firmin-Didot, 1930, ch. VI, pp. 146-147. D’indéniables concessions ont également été faites la veille par les deux comités pour encourager son retour : mise en activité définitive des Commissions populaires(6)cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards, Chap. VI, pp. 142-145 ; P.-J.-B. BUCHEZ & P.-C. ROUX, Histoire parlementaire de la Révolution, Paris, Paulin, 1837, t. XXXIII, p. 393 et dénonciation de l’entreprise de calomnie du moment visant à diviser le Gouvernement révolutionnaire(7)cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards, Chap. VI, pp. 145-146.
Selon Rühl, Saint Just fait un éloge de Robespierre qui est applaudi par Le Bas, puis propose de se remettre à l’établissement de la Constitution. Il aurait proposé pour résoudre les dissensions de donner le pouvoir à un seul homme, qu’il décrit à l’image de Robespierre(8)cf. R. COBB, Les témoignages de Rühl, AHRF 1955, p. 111 ; B. VINOT, Saint-Just, p. 312.
Robespierre aurait par la suite reproché à Billaud-Varenne, Collot d’Herbois, Carnot, Vadier, Amar et Jagot de l’attaquer. Alors que Carnot assuma son hostilité, Collot d’Herbois et Billaud-Varenne l’auraient vigoureusement niée(9)cf. R. COBB, Les témoignages de Rühl, AHRF 1955, pp. 111-112. Ce dernier serait allé jusqu’à affirmer sa fidélité à l’Incorruptible. David se serait également exprimé(10)cf. Gérard WALTER, Maximilien de Robespierre, Gallimard, ed. de 1989, p. 455.
Robespierre se plaint que les dénonciations concernant les membres de l’assemblée restent sans effet, et des tentatives de ses adversaires pour exciter les dissensions des Comités(11)cf. G. WALTER, La Conjuration du 9 thermidor, Paris, Gallimard, 1974, pp. 101-103.
Ses adversaires l’auraient accusé de vouloir faire juger les 72 Girondins(12)cf. R. COBB, Les témoignages de Rühl, AHRF 1955, p.112.
C’est à l’initiative de Billaud qu’un rapport aurait été confié à Saint Just(13)cf. G. WALTER, Maximilien de Robespierre, Gallimard, ed. de 1989, p. 456 ; G. WALTER, La Conjuration du 9 thermidor, p. 101 à 103 (Il est à noter que c’est en principe à Barère de rapporter et que cette manœuvre semble être à l’avantage de Robespierre et confirmer une volonté de réconciliation).
En contrepartie, Saint Just fait des concessions : il ne fera pas référence à l’Etre Suprême dans son rapport, et accepte même de signer un arrêté éloignant de Paris quatre compagnies de canonniers(14)cf. Albert MATHIEZ Girondins et Montagnards, ch. VI, p. 161.
Saint-Just aurait par ailleurs demandé qu’on fasse un rapport particulier sur Fouché, ce qui fut refusé par Barère(15)cf. L. MADELIN, Fouché 1759-1820, p.176, d’après une Défense de Barère.
Pour faire suite à la décision d’installer les quatre dernières Commissions populaires chargées d’examiner les listes de détenus passibles du Tribunal révolutionnaire, le dernier article du texte est remanié : « Il sera fait un rapport à la Convention sur l’établissement de quatre sections ambulatoires du tribunal révolutionnaire de Paris pour juger les détenus dans les départements envoyés par les Commissions à ce tribunal » est remplacé par « Il sera pourvu à la nomination des Commissions révolutionnaires qui paraîtront nécessaires pour le jugement des détenus renvoyés au Tribunal ». En se passant de l’examen de la Convention, la mise en place des Commissions populaires était donc accélérée(16)cf. Albert MATHIEZ, Girondins et Montagnards, Chap. VI, p. 149.
- Dans sa biographie de Fouché, le romancier Stefan Sweig avance que Robespierre aurait convoqué Saint-Just chez lui ce jour ou le lendemain pour établir la marche à suivre de son offensive politique(17)cf. Stefan ZWEIG, Fouché, Grasset, 1991, p. 129.
A la Convention :
Barère, le soir même, fait l’éloge de Robespierre, menace ceux qui veulent diviser le Gouvernement révolutionnaire et annonce que des mesures ont été prises pour faire juger promptement les ennemis de la Révolution(18) Mathiez affirme que Barère s’est servi de l’affaire Legray pour amener ses collègues des comités de gouvernement à relancer les Commissions populaires, cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards, chap. VIII, pp. 194-195.
Réferences
↑1 | cf. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc., t. II, pp. 367-370 |
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↑2 | cf. H.-A. WALLON, Histoire du tribunal révolutionnaire de Paris avec le journal de ses actes, t. V, Paris, Hachette, 1881, pp. 92 & suiv. |
↑3 | cf. G. RUDÉ & A. SOBOUL, Le maximum des salaires et le 9 thermidor, AHRF 1954, pp. 1-2 ; Jean MASSIN, Almanach de la Révolution française — des Etats généraux au 9 thermidor, Club français du livre, 1963, p. 315 |
↑4 | cf. Michel EUDE, Le comité de sûreté générale de la Convention in « L’Etat et sa police en France (1789-1914) », 1979, Droz, p. 22 (+ note 12) |
↑5 | cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards, Paris, Firmin-Didot, 1930, ch. VI, pp. 146-147 |
↑6 | cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards, Chap. VI, pp. 142-145 ; P.-J.-B. BUCHEZ & P.-C. ROUX, Histoire parlementaire de la Révolution, Paris, Paulin, 1837, t. XXXIII, p. 393 |
↑7 | cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards, Chap. VI, pp. 145-146 |
↑8 | cf. R. COBB, Les témoignages de Rühl, AHRF 1955, p. 111 ; B. VINOT, Saint-Just, p. 312 |
↑9 | cf. R. COBB, Les témoignages de Rühl, AHRF 1955, pp. 111-112 |
↑10 | cf. Gérard WALTER, Maximilien de Robespierre, Gallimard, ed. de 1989, p. 455 |
↑11 | cf. G. WALTER, La Conjuration du 9 thermidor, Paris, Gallimard, 1974, pp. 101-103 |
↑12 | cf. R. COBB, Les témoignages de Rühl, AHRF 1955, p.112 |
↑13 | cf. G. WALTER, Maximilien de Robespierre, Gallimard, ed. de 1989, p. 456 ; G. WALTER, La Conjuration du 9 thermidor, p. 101 à 103 |
↑14 | cf. Albert MATHIEZ Girondins et Montagnards, ch. VI, p. 161 |
↑15 | cf. L. MADELIN, Fouché 1759-1820, p.176, d’après une Défense de Barère |
↑16 | cf. Albert MATHIEZ, Girondins et Montagnards, Chap. VI, p. 149 |
↑17 | cf. Stefan ZWEIG, Fouché, Grasset, 1991, p. 129 |
↑18 | Mathiez affirme que Barère s’est servi de l’affaire Legray pour amener ses collègues des comités de gouvernement à relancer les Commissions populaires, cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards, chap. VIII, pp. 194-195 |