SAINT-JUST

Antoine Louis Léon de Saint-Just

Age: Né à Décize, 26 ans en Thermidor an II

Adresse: 3,rue Caumartin, 2ème étage (depuis mars 1794), à la même adresse que Thuillier. Il demeurait auparavant à l’hôtel des États-Unis, rue Gaillon.

Fonction(s): Député de l’Aisne à la Convention depuis le 5 septembre 1792, membre du Comité de Salut Public depuis le 10 juin 1793.

Sommaire

Origine et Parcours de Saint-Just

Vie locale et privée

Après avoir vécu les premières années de sa vie dans le Nivernais, Antoine de Saint-Just s’installe avec sa famille à Blérancourt, son père capitaine de cavalerie vieillissant(1)Pour sa généalogie, cf. Maurice DOMMANGET, La famille de Saint-Just, in Annales révolutionnaires, 1913, pp. 517-521 ayant décidé de s’occuper d’anciennes possessions familiales. Quelques années après son décès, il entame ses études chez les oratoriens de Soissons(2)cf. Albert SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, pp. 946-947.

in 1785, venant de fêter ses 18 ans, Saint-Just connait durant des vacances une intrigue sentimentale avec Thérèse Gellé, d’un an son ainée, fille du notaire royal Antoine Gellé qui voit d’un mauvais œil cette aventure. Rapidement, il fiance sa fille à Emmanuel Thorin, alors clerc dans son étude, qu’elle épouse en 1786. Apprenant la nouvelle, Saint-Just se fâche avec sa mère à laquelle il reproche de n’avoir pas défendu ses intérêts et fugue à Paris. Interné quelques mois à la demande de sa mère dans une maison de correction, rue Picpus, il y compose Organt, poème de 8.000 vers violemment anti-monarchique et anti-religieux(3)cf. Bernard VINOT, Saint-Just, Paris, Fayard, 1985, pp. 46-48 ; A. SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, p. 947.

Appelé à Paris après son élection à la Convention en septembre 1792, il demeure en contact avec ses électeurs de Blérancourt. Il y serait retourné durant l’été 1793, peu avant que Thérèse fugue à son tour pour Paris et s’installe dans un hôtel juste à côté de celui de Saint-Just. Il semble qu’à Blérancourt, on ait dit qu’il l’avait enlevé, ce que Saint-Just niera(4)cf. Bernard VINOT, Saint-Just, p. 189. Un beau-frère de Saint-Just, Jacquier, figurait dans la « Liste des patriotes ayant des talents plus ou moins » dressée par Robespierre(5)cf. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc., supprimés ou omis par Courtois, t. II,, Paris, Baudouin, 1828, p. 7.

En décembre 1793, lors d’une de ses missions auprès de l’armée du Rhin, il part avec son ami Le Bas et son épouse, ainsi qu’avec sa jeune sœur Henriette. Plusieurs personnes semblent penser que Saint-Just va se fiancer avec Henriette mais leur histoire tourne rapidement court. Saint-Just se serait notamment plaint de ce que la jeune femme fumait(6)cf. B. VINOT, Saint-Just, p. 196.

Arrêté en octobre 93 sur ordre du maire de Blérancourt, Emmanuel Thorin est libéré début avril sur ordre de Saint-Just(7)cf. Madeleine-Anna CHARMELOT, Autour Saint-Just, AHRF 1966, p. 74, quelques semaines avant Gellé…
Il semble que Thérèse ait, avec ses sœurs, régulièrement oeuvré à leur libération(8)cf. B. VINOT, Saint-Just, p. 195 . Villain d’Aubigny, agent général des transports militaires, postes et messageries arrêté à Blérancourt en thermidor an II pour ses liens avec les robespierristes, a déclaré dans un mémoire d’autodéfense durant l’an III être tombé en disgrâce vis à vis de la faction déchue, pour avoir intercédé auprès de Saint-Just en faveur de Thorin et Gellé(9)cf. L. JACOB, Robespierre et Villain d’Aubigny, AHRF 1950 p. 259.

Au printemps 1794, des lettres de Le Bas à sa femme laissent d’abord percer l’espoir d’une réconciliation entre Henriette et Saint-Just, qui ne viendra apparemment pas, ce dernier paraissant plutôt s’éloigner des Le Bas après cette période(10)cf. B. VINOT, Saint-Just, p. 197. Seulement âgée de 18 ans au moment de thermidor, Henriette, dont Albert Ollivier perd alors la trace après les événements(11)cf. Albert OLLIVIER, Saint-Just et la force des choses, Hachette (LDP), 1966, pp. 495-504 semble s’être mariée par la suite à Claude Cattant et avoir eu des enfants.

En messidor, alors que Saint-Just est en Belgique, les Thorins réussissent à faire arrêter le père de Thuillier. Thérèse obtient le divorce le 9 juillet mais après l’exécution de Saint-Just, elle quitte aussitôt Paris pour revenir à Blérancourt(12)cf. B. VINOT, Saint-Just, pp. 191-192. Selon M.-A. Charmelot, elle serait la mère d’un fils de Saint-Just qu’il aurait reconnu.

Débuts politiques

Revenu à Blérancourt après ses études à Reims(13)cf. B. VINOT, Saint-Just, pp. 57-58, Saint-Just s’investit dès juillet 1789 dans la Révolution. Elle va l’opposer de 1789 à 92 aux notables de la ville (essentiellement à Antoine Gellé et à la famille Thorin), Saint-Just ayant pris le parti des manouvriers, petits paysans et artisans de la ville. Cette première expérience l’amène à radicaliser encore ses positions, abandonnant rapidement le réformisme conciliant de ses débuts pour une défiance résolue contre les privilèges, et une méfiance pour les grands rentiers, marchands et propriétaires(14)cf. B. VINOT, Saint-Just, pp. 81-99 ; A. SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, p. 947.

Il est devenu un partisan décidé de la révolution sociale quand, élu député à 25 ans à la Convention, il rejoint les bancs de la Montagne. Son violent réquisitoire contre Louis XVI en novembre 1793 inaugure sa notoriété d’orateur rigoureux, au côté de Robespierre. Entré au Comité de salut public en juin 1793, Saint-Just s’attèle d’abord, aux côtés d’Hérault-Séchelles, à la rédaction de la constitution de 1793(15)cf. A. SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, p. 947.

Action politique de Saint-Just

Action centralisatrice au Comité de Salut Public

Le 26 germinal an II, dix jours après l’exécution de Danton, Saint Just expose un rapport à la Convention. Marqué tant par une volonté de circonscrire la répression révolutionnaire tout en la concentrant, il tend à restreindre les pouvoirs du Représentant en mission, en recommandant que l’ensemble des prévenus de conspirations soient jugés au Tribunal révolutionnaire de Paris, inscrivant la fin des juridictions extraordinaires de province (à quelques exceptions près comme celle de Lebon) qui seront concrétisées par Couthon le 19 floréal. Il formule également la volonté de rétablir la confiance civile en protégeant les citoyens contre les abus de pouvoir ou excès de zèle, annonçant dans le mois suivant le rappel des colonnes infernales dans l’Ouest. Par ailleurs, les anciens nobles, sujets des nations ennemies qui n’auront pas obtenu du Comité de Salut public une autorisation expresse d’y résider seront éloignés de Paris, des places de guerre et des villes maritimes(16)cf. A. MATHIEZ, La réorganisation du Gouvernement révolutionnaire, AHRF 1927 pp. 52-55.

Pensée et réalisations économiques et sociales

Saint-Just pensait que le problème de l’accaparement ne serait résolu qu’en retirant les assignats de la circulation, car l’Etat perdait des sommes colossales dans les rentrées de contribution comme dans la vente des biens nationaux du fait de la baisse de la monnaie de papier. Il projeta l’établissement d’une chambre ardente qui aurait eu pour mission de mettre à contribution les nouveaux riches(17)cf. Annales Révolutionnaires 1923, A. MATHIEZ, La dictature économique du Comité de Salut Public, pp. 459-460 (+ note 1).

Il présente, le 8 ventôse (26 février 1794) un décret prévoyant la redistribution aux indigents des biens des ennemis de la Révolution(18)cf. A. SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, p. 947. Réclamant l’abolition de « la mendicité qui déshonore un état libre », il est repris par Barère le 22 floréal (11 mai 1794) dans son rapport « sur les moyens d’extirper la mendicité dans les campagnes et sur les secours que doit accorder la République aux citoyens indigents ». Un Livre de la Bienfaisance nationale était instauré, secours à domicile et pensions (notamment aux veuves de guerre ayant au moins deux enfants) furent délivrées(19)cf. Françoise BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, Bruxelles, Complexe, 1989, pp. 59-61 ; A. MATHIEZ, La Terreur instrument de la politique sociale des robespierristes – Les décrets de ventôse sur le séquestre des biens des suspects et leur application, AHRF 1928 pp. 211-212. Billaud-Varenne s’inscrit également dans cette continuité quand il énonce dans son rapport sur les institutions civiles du 1er floréal l’idée d’un nouveau lien social « fondé sur un échange journalier de liens réciproques »(20)cf. F. BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, pp. 46-50.

Auprès des Armées

Sur l’ensemble de l’an II, Saint-Just occupe 146 jours aux missions auprès de l’Armée. Il contribue aux victoires de l’Armée du Rhin à Landau en décembre 1793 puis à celle de Fleurus par l’Armée du Nord en juin 1794(21)cf. A. SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, p. 947. La conception qu’il se faisait de l’armée et son appréciation de la guerre ont largement évolué entre ses premières et ses dernières missions militaires. Dans des notes de début 1793, il s’élevait contre toute élection d’officiers par leur troupe. Il considérait en outre que l’une des pires infamies était « de quitter les armes s’il y a quelque part un esclave et un maître »(22)cf. Albert SOBOUL, Notes inédites de Saint-Just, AHRF 1949 p. 292, d’après A. N., F7 4436 A

Rivalité avec Carnot

En floréal, Saint-Just proteste contre le projet d’incarcération au Luxembourg, d’un agent des poudres et salpêtres(23)cf. Mémoires sur Carnot par son fils, t. I, Paris, Pagnerre, 1861, pp. 531 & suiv.. Dans leur Réponse aux imputations de Laurent Lecointre, Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier précisent que Saint-Just se serait d’abord tourné contre Prieur de la Côte-d’Or, que l’agent en question était le beau-frère de Sijas, et que le député Niou aurait été témoin de la scène(24)cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, pp. 77-79 (notes). Une dispute s’en suivit durant laquelle Saint-Just aurait accusé Carnot de liens avec l’aristocratie et l’aurait menacé de la guillotine. Le lendemain, ce dernier aurait répliqué en le traitant, ainsi que Robespierre, mis au courant par Saint-Just de l’affaire, de « dictateurs ridicules »(25)cf. A. MATHIEZ, Les divisions dans les comités de gouvernement à la veille du 9 thermidor in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, p. 156.
Le 30 prairial, après la prise d’Ypres, Carnot ordonne un transfert de l’armée de Moselle vers l’armée du Nord portant sur 15.000 hommes d’infanterie et de 1.500 de cavalerie. Après la victoire de Fleurus (8 messidor), le général Pichegru écrit en ce sens à son collègue Jourdan, qui protesta, appuyé par le représentant Gillet. Ce dernier s’en plaignit par deux lettres des 14 et 15 messidor à Saint-Just, qui obtint du Comité de Salut Public l’annulation de l’ordre, non sans explications véhémentes avec Carnot(26)cf. A. MATHIEZ, Les divisions dans les comités de gouvernement à la veille du 9 thermidor in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 156-157.
Le 13 fructidor an II, au moment de la discussion sur les accusations de Lecointre à l’encontre des sept membres des comités de gouvernement, Levasseur de la Sarthe déclare à la Convention que le 10 messidor, « ceux qu’on accuse aujourd’hui traitèrent Robespierre de dictateur. Robespierre se mit dans une fureur incroyable. Les autres membres du Comité le regardèrent avec mépris. Saint-Just sortit avec lui. ». La scène dut en réalité se passer le lendemain, Saint-Just n’étant pas revenu de sa dernière mission aux armées avant le 11 messidor(27)cf. A. MATHIEZ, Les divisions dans les comités de gouvernement à la veille du 9 thermidor in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, p. 157.

Derniers allers-retour entre Paris et l’armée du Nord

Dans leur Réponse aux imputations de Laurent Lecointre, Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier avanceront en l’an III que c’est après le refus de l’ensemble du Comité de Salut Public d’arrêter Alquier et Dubois-Crancé, que Robespierre aurait demandé le retour de Saint-Just de l’armée du Nord (ce qui situe l’événement à la fin prairial – début messidor). Il repartit par la suite mais revint à nouveau après la bataille de Fleurus, « au moment où il était le plus nécessaire à l’armée et où il était le moins attendu (…); dès ce moment, il n’a plus été possible de le faire repartir, quoique Gillet, représentant du peuple près l’armée, ne cessât de le réclamer »(28)cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, pp. 67-68 (note).

Saint-Just du 8 au 10 thermidor an II

Insolite

Le 8 thermidor, Théroigne de Méricourt écrivit de son asile une lettre à Saint-Just, qui sera envoyée au Comité de sûreté générale le 16 thermidor par le comité révolutionnaire de la section Lepelletier(29)cf. Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, Pièces justificatives, n°XXX, pp. 131-132.

Rapports entre Saint-Just et Robespierre à l’approche de Thermidor

Si l’on en croit le témoignage post-thermidorien de l’ex-agent du Comité de Salut Public Ève Demaillot, Saint-Just aurait formulé le 20 messidor an II des critiques envers certains agissements politiques de l’Incorruptible, dont il aurait regretté la faiblesse et l’indolence. Il évoque également sa désapprobation quant au soutien que Robespierre apporta à Dumas et au député du Jura Lejeune, au détriment de son collègue Prost, qu’il soutint publiquement ce même jour(30)cf. A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, pp. 46-47 ; M.-L. LEVY-SCHNEIDER, Les Démêlés dans le Comité de Salut public avant le 9 thermidor, La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine, t. XXXVIII, 1900, pp. 99 & suiv., d’après A. N., F7 4669.

Le lendemain, il signa la libération des membres du Comité révolutionnaire de l’Indivisibilité avec Barère, Carnot, Prieur de la Côte-d’Or, ainsi que Billaud-VarenneCollot d’Herbois qui avaient pourtant signé leur arrestation, rédigée par Robespierre le 7 messidor (25 juin)(31)cf.  Michel EUDE, Le Comité de Sûreté générale en 1793-1794, AHRF 1985 p. 300.

Le 6 thermidor, Madame Duplay aurait reproché à Saint-Just son attitude vis-à-vis de Robespierre(32)A. OLLIVIER, Saint-Just et la force des choses, Hachette (LDP), 1966, p. 152.

Objet de son rapport du 9 thermidor

Saint-Just aurait été chargé à l’issue de la réunion du 5 thermidor de rédiger un rapport sur les institutions civiles pour le 9 thermidor(33)cf. Françoise BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, pp. 87, 96… Or, le sujet n’est qu’évoqué dans le discours de ce jour, pas plus développé que dans le discours de la veille de Robespierre. Le véritable travail sur les institutions, restées à l’état de notes inachevées, aurait servi de base à son posthume Fragments sur les institutions républicaines(34)cf. A. MATHIEZ, La terreur, instrument de la politique sociale des robespierristes, AHRF 1928 p. 210 (+ note), et aurait été rédigé durant son plus long retour au sein du gouvernement entre deux missions aux armées, à savoir du 12 février 1794 (24 pluviôse an II) au 29 avril (10 floréal)(35)cf. F. FORTUNET, Sur la datation des « Fragments sur les institutions républicaines », AHRF 1982 pp. 452-454 ; dans « Essai de bibliographie critique » des Actes du colloque Saint-Just, Paris, 1968, J.-P. Gross fait plutôt démarrer leur rédaction à la fin germinal. Son rapport du 9 pourrait tout aussi bien avoir été celui qu’annonce Barère le 5 thermidor à la Convention qui devait traiter de l’influence de l’étranger et sur le moyen de faire cesser la calomnie vis-à-vis des citoyens les plus ardents(36)cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. 21 Paris, Plon, 1861, p. 291.

Le début du discours entamé le 9 thermidor paraît aller dans ce sens : « Vos comités de sûreté générale et de salut public m’avaient chargé de vous faire un rapport sur les causes de la commotion sensible qu’avait éprouvée l’opinion publique dans ces derniers temps ». Dans la suite non prononcée de son discours, Saint-Just revient sur ce « plan ourdi pour sapper le gouvernement révolutionnaire », ce dont il affirme avoir tenu au courant ses collègues le 5 thermidor(37)cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards Chap. VI, p. 165. Toutefois, c’est aussi l’objet du discours de Barère du 7 thermidor à la Convention(38)cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards Chap. VI, pp. 145-146. Qu’il ait ou non été celui prévu pour le 9 thermidor, le rapport sur les institutions a pu être obtenu le 5 thermidor de la majorité de ses collègues du gouvernement, en échange de son approbation pour d’un nouveau départ de compagnies parisiennes de canonniers(39)cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards Chap. VI, pp. 162-163.

Nuit du 8 au 9 thermidor

Dans leur Réponse aux imputations de Laurent Lecointre, Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier témoignent de l’action paralysante de Saint-Just, de minuit et demi à 5 heures du matin, au sein des comités de Salut public et de Sûreté générale réunis :

« Nous travaillions aux opérations ordinaires des Comités, (…) avec cette triste impatience qui devait accompagner un dénouement terrible, que toutes les circonstances nous annonçaient être prochain. Saint-Just gardait un profond silence, observait de temps en temps les membres des Comités, et ne témoignait ni inquiétude ni repos. Il venait d’envoyer à Tuillier, sa créature, les dix-huit premières pages du rapport qu’il devait faire le lendemain, pour les mettre au net ; et il nous apposait ensuite qu’il ne pouvait lire au Comité le rapport, dont il n’avait plus que les dernières pages.(40)cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, pp. 157-158 (+note) »

Puis Collot d’Herbois revint des Jacobins, « vivement agité ». Après que ses collègues lui aient demandé pourquoi lui et Billaud-Varenne revenaient si tard des Jacobins, il ne supporta pas la question de Saint-Just : « Qu’est-ce qu’il y a de nouveau aux Jacobins ? », et sur un ton très vif, le démasqua comme le complice de Robespierre et un fauteur de guerre civile. Relayé par les sentences désapprobatrices d’Elie Lacoste et de Barère, Collot d’Herbois reprit en accusant Saint-Just d’avoir les poches remplies de calomnies dirigées contre les comités.
Désarçonné, ce dernier aurait vidé ses poches en balbutiant et déposé sur la table quelques papiers que personne ne voulut lire(41)cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 158 (note).

« Saint-Just alors se rejeta sur son rapport, et dit qu’il le lirait le lendemain au Comité, et que, s’il ne l’approuvait pas, il en ferait le sacrifice. » Comme Collot, par la suite, semblait délaisser la dénonciation des triumvirs pour s’appesantir sur la situation générale qu’à la dénonciation des triumvirs, « Saint-Just (…) se rassura insensiblement de son trouble ; il écouta avec sang-froid, reprit son ton mielleux et hypocrite. Quelque temps après, il dit à Collot d’Herbois qu’on pourrait lui reprocher d’avoir tenu, dans un café, quelques propos contre Robespierre, et, érigeant cette assertion en faits positifs, il avoua qu’il en avait fait la base d’une inculpation contre Collot, dans le discours qu’il avait préparé. Saint-Just, pendant cette nuit, prolongea tellement ses allégations et ses propos, qu’il fut bien évident qu’il ne traînait ainsi en longueur que pour nous empêcher de prendre des mesures contre leur conspiration. Plusieurs membres des Comités, impatientés de tant de fausseté, passèrent dans la salle voisine et y mirent en délibération s’ils le feraient arrêter sur-le-champ, mais ils pensèrent qu’il était plus sage d’en référer le lendemain à la Convention nationale, après avoir connu les intentions de Saint-Just, dans le rapport qu’il devait faire ».
A l’opposé de ses collègues concentrés sur les mesures à prendre, « Saint-Just (…) jouait l’étonnement de n’être pas dans la confidence de ces dangers, et se plaignit de ce que tous les cœurs étaient fermés, (…) qu’il ne concevait pas cette manière prompte d’improviser la foudre à chaque instant, et il nous conjurait, au nom de la République, de revenir à des idées plus justes, à des mesures plus sages. C’est ainsi que le traître nous tenait en échec, paralysait toutes nos mesures et refroidissait notre zèle. »(42)cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 159 (note)

De cette façon, les deux comités de gouvernement n’auraient pu prendre les mesures décisives qu’après sa « fuite » à cinq heures (il promit de revenir soumettre son discours à 10 h.), à savoir une dénonciation de l’action du triumvirat Robespierre/Saint-Just/Couthon, et une série d’actions concrètes contre leurs affidés : projets de destitution et d’arrestation de Dumas, de réorganisation du commandement de la garde nationale, dont les chefs actuels seraient également arrêtés, ainsi qu’une proclamation allant dans ce sens à soumettre à la Convention(43)cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, pp. 159-160 (+ note).

Or c’est en présence de Saint-Just que les deux comités convoquèrent Payan et Hesmart, puisqu’il en signa les ordres de comparution, datés de 2 h. du matin(44)cf. Alphonse AULARD, Recueil des actes du Comité de Salut public t. XV,, Paris, Impr. nat., 1903, pp. 461 (note)462 (note) ; J. CHARAVAY, Catalogue d’une importante collection de documents autographes et historiques sur la Révolution française depuis le 13 juillet 1789 jusqu’au 18 brumaire an VIII, Paris, 1862, p. 72. Sachant qu’Hesmart, chef de la 29e division de gendarmerie (à cheval) fut convoqué par les membres des comités afin de déterminer s’ils pourraient « compter sur sa fermeté pour l’exécution d’ordres ultérieurs »(45)cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 158, il est impossible d’admettre que Saint-Just fut tenu à l’écart des mesures de destitution de l’état major de l’armée parisienne.

Séance du 9 thermidor à la Convention

Juste avant sa conclusion sur une proposition de décret, le discours de Saint-Just contient un passage figurant également dans l’une des deux versions du discours prononcé la veille par Robespierre : « toute l’autorité étoit tombée dans quelques mains qui ont voulu la conserver et l’augmenter par la ruine de tout ce qui pouvait réprimer la puissance arbitraire. Je ne conclus pas contre ceux que j’ais nommés ; je désire qu’ils se justifient et que nous devenions plus sages »(46)cf. Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 10, p. 543 (note 2), d’après Bibl. Sorbonne, HFr 140.

Arrestation puis libération en fin de journée

A l’issue de la séance de la Convention vers 17 h., Robespierre, Saint-Just, Couthon, Le Bas et Augustin Robespierre sont amenés dans les locaux du Comité de sûreté générale. Peu de temps après, selon le rapport du brigadier de gendarmerie Jeannolle daté du soir même(47)cf. A. N., F7 4432, Hanriot et ses aides de camp essayent de s’y introduire pour les délivrer. Il les rejoint, garrotté, après s’être fait maîtriser par les gendarmes des tribunaux (Courtois mentionne pour sa part cinq gendarmes à cheval de la 29e division(48)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 219, d’après Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, Paris, Impr. nat., an IV, p. 65 (notes 4 & 5)). Constatant qu’ils essayaient de communiquer avec Hanriot, les cinq députés sont bientôt conduits par l’huissier Chevrillon dans le secrétariat du Comité(49)cf. E.-B. COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, pp. 66-67 (note 2, attestation de Chevrillon) ; A. N., F7 4432 (ordre de transfert du Comité de sûreté générale). On leur sert à diner avant de les expédier dans leurs prisons respectives entre 18h30 et 19 h.(50)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 221 ; A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 210-211

De leur côté, les deux comités de gouvernements réunis ordonnent durant l’après-midi l’arrestation de Viel, présenté comme « employé par Robespierre et Saint-Just » et devant être conduit dans la maison de La Force(51)cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 165. Ils émettent également un ordre d’arrestation à l’encontre du secrétaire de Saint-Just, attendu qu’il a fait « beaucoup de bruit aux Jacobins »(52)cf. A. AULARD, Recueil des actes du Comité de Salut public t. XV, pp. 459-460.

Saint-Just est conduit aux Ecossais(53)cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 210-211. Il est délivré vers 21h30 ou 22 h. et mené à la Commune, plus ou moins au même moment que Le Bas(54)cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, p. 212.

Peu après minuit, Saint-Just est auprès de l’état-major d’Hanriot, quand Hugo et Legrand, représentants de la commune et de la Garde nationale de Bercy (à l’époque en dehors de Paris), initialement venus se plaindre de la fermeture des barrières au nom de leurs maraîchers. Présentés par le Comité d’exécution comme des patriotes, il leur déclare, avant de leur donner l’accolade : « Oui, c’est moi, le dominateur de la France, le nouveau Cromwell… Voilà le dernier coup de la faction de l’étranger, mais le voile va se déchirer, il l’est déjà ! » (55)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 287 (+ note 2), d’après A. N., AFII 47 pl. 368 17 (déclaration de Hugot devant J.-L. Pierre, secrétaire principal du Comité de salut public, le 10 thermidor, à 13 h.).

Vers 1 h., il fait une brève apparition au Conseil général en compagnie de Robespierre, Couthon et Le Bas(56)cf. Séance extraordinaire du 9 thermidor — Procès-verbal de la séance, in P.-J.-B. BUCHEZ & P.-C. ROUX, Histoire parlementaire de la Révolution, t. XXXIV, p. 55 ; P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 280.

Après son arrestation, ses papiers furent probablement saisis. D’après A. Soboul, mis à part les manuscrits d’ouvrages conservés à la Bibliothèque nationale, on en a presque totalement perdu la trace, ceux publiés par Courtois et en 1828(57)cf. Rapport […] à la Convention nationale. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-just Payan, etc., supprimés ou omis par Courtois. Paris, 1828 étant pour l’essentiel des pièces isolées, probablement communiquées à Robespierre(58)cf. A. SOBOUL, Notes inédites de Saint-Just, AHRF 1949 p. 289.

Dernière arrestation et exécution

Saint-Just est vraisemblablement transféré à la Conciergerie vers 6 h. par le commandant des Gravilliers avec les prisonniers valides, notamment Dumas, Payan et La Vallette. Comme eux, il est enfermé dans un cachot individuel. Par un décret adopté par la Convention à 10 h., son exécution est fixée au jour-même, place de la Révolution(60)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, pp. 317-318 (+ note 1), d’après A. N., W 434 975 ; Rapport du commandant des Gravilliers (A. N., AFII 47 366 27). Entre 13 et 14 h., il comparaît entre Dumas et Payan pour la vérification de son identité, au terme de laquelle Fouquier réclame contre lui l’application de la mise hors-la-loi(61)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 320, d’après A. N., W 434 975.

Avec Robespierre et son frère, Payan, Fleuriot-Lescot, Hanriot et son second Lavalette, Dumas, Couthon et 13 membres de la Commune, ils sont 22 à être reconnus hors-la-loi durant l’audience. Réparti en trois charrettes, le convoi quitte le Palais de Justice à 18 h. Accompagné par une foule nombreuse et s’arrêtant à de multiples reprises, celui-ci n’arrive que vers 19h30 place de la Révolution. Par la prestance et la contenance dont il aurait fait preuve dans ces derniers instants, Saint-Just se serait démarqué de l’ensemble des autres robespierristes, décrits comme grièvement blessés ou en proie au desespoir(62)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, pp. 322-323, d’après Journal de Perlet n°675 (12 thermidor an II).

Le rôle de Saint-Just d’après les bulletins d’Antraigues

A partir du bulletin de mars-avril 1794, Saint-Just est décrit comme s’opposant à Robespierre, tout d’abord sur la question des 72 députés girondins. Alors qu’il est pour leur réintégration au sein de l’assemblée (dans le but de s’en faire un parti), l’Incorruptible, tout en concédant de ne pas les faire comparaître au Tribunal révolutionnaire, obtient leur maintien en détention. Le 5 avril, les deux collègues se seraient à nouveau opposés quant au sort du maire de Paris, Pache. Là où Robespierre arguait que sa proximité avec la faction hébertiste fut déterminante au gouvernement pour la vaincre, Saint-Just y voyait surtout le signe de sa profonde duplicité. Après encore que l’Incorruptible ait tenté d’envoyer Couthon à la place de Saint-Just à l’armée du Nord, il fallut la médiation de Sieyès pour opérer un rapprochement entre les deux hommes, qui ne réussit fort provisoirement qu’avec le sacrifice de Pache. A la mi-mai, les dissensions repartent, Saint-Just doutant de l’authenticité des attentats d’Admiral et de Cécile Renault, qu’il voit comme montés de toutes pièces. Il s’oppose à nouveau à une course à la dictature personnelle de l’Incorruptible soutenue par Sieyès. Une réconciliation a lieu après la Fête de l’Etre Suprême, au retour de Saint-Just de l’armée du Nord, mais seulement en façade cette fois puisqu’il encourage en sous-main des députés attaquer la loi du 22 prairial(63)cf.  A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, pp. 42-44.

La copie d’un discours qu’aurait tenu Saint-Just aux membres du Comité de Salut Public le 11 mars 1794, où était vivement critiquée la politique envers les pays neutres soutenue par Barère(64)cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, pp. 226, 231, se répandit à l’étranger(65)cf. R. de GRANDSAIGNES, Enquête sur les bulletins de Dropmore, AHRF 1957, pp. 232-233 + note 1 (sur les différentes versions qui ont circulé). Antraigues le joignait au 18e bulletin daté du 24 avril que Drake renvoya à Grenville(66)cf. A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, p. 56. Saint-Just aurait profité d’un décret sur le commerce avec les pays neutres rendu par le Comité de Salut Public en réponse une requête du ministre des affaires étrangères(67)cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, p. 226, pour critiquer les pressions exercées par les ambassadeurs de ces pays. S’il est en accord avec le principe de vendre à ces pays les denrées françaises excédentaires et de luxe, il reproche la dépense considérable de fonds secrets consacrés à acheter ces puissances, entre 40 et plus de 60 millions(68)cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, pp. 230-231.

Des historiens comme Sorel ou Mathiez contestent d’ailleurs l’authenticité de la pièce par l’énormité des chiffres avancés. Le premier évalue à 1,5 million les fonds concédés au ministère des Affaires étrangères et le second estime la totalité des fonds secrets du gouvernement à 50 millions. Le reste des dépenses, consacrées à l’acquisition de vivres et d’équipements destinés aux forces armées, n’échappent pas à la critique : Saint-Just déplore le drainage de monnaie et métalliques et objets précieux qu’elle entraînait(69)cf. R. de GRANDSAIGNES, Enquête sur les bulletins de Dropmore, AHRF 1957, pp. 234-235.

Las Casas, le représentant espagnol à Venise, qui avait déjà avisé l’ambassadeur de Constantinople Henin de l’existence d’un espion au sein du Comité(70)cf. A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, pp. 47-50, lui révélait le 9 mai l’existence de ce discours(71)cf. A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, pp. 54-55, mentionnant la reproduction de la lettre de Las Casas dans la Revue de la Révolution, tome II, Documents, pp. 161-165. Jusqu’à la chute des robespierristes, les diplomates visés restèrent prudents à réagir ou pour se prononcer sur l’authenticité du document. Barthélémy en Suisse attendit cet événement pour en parler, et Henin, nommément menacé de la guillotine dans le discours(72)cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, p. 232, l’authentifia le 15 fructidor an II, avant d’avoir pris connaissance des événements du 9 thermidor(73)cf. R. de GRANDSAIGNES, Enquête sur les bulletins de Dropmore, AHRF 1957 pp. 234-235 (+notes 5-9).

L’inauthenticité de ce discours non public est visible, notamment par la longue et incroyablement insultante description qu’il est fait du peuple et de la politique suisse(74)cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, pp. 233-238, laquelle ne peut se justifier que par une volonté de porter atteinte aux relations entre la France et les pays neutres suite à sa diffusion. Avant tout dirigé envers l’étranger, le discours s’accorde parfaitement avec le portrait ultra-belliciste de Saint-Just dressé par d’Antraigues, et les manœuvres du représentant espagnol à Venise, Las Casas, à savoir pousser à la trahison Henin, l’ambassadeur français à Constantinople (voué à l’échafaud dans le discours)(75)cf. A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, pp. 47-50 ; Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, pp. 232-233, 242-244. Indéniablement réécrit, ce discours ne renferme pas moins des informations exactes, comme la proposition en fin de discours de publier la correspondance avec l’ensemble des pays neutres, réellement débattue durant cette période(76)cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, p. 246 ; AHRF 1957, R. de GRANDSAIGNES, Enquête sur les bulletins de Dropmore, p. 237 + note.

Dans un bulletin d’Antraigues daté du 6 au 12 juillet 1794, il est dit que lors d’une réunion du Comité de Salut Public, Saint-Just aurait fait prévaloir, contre l’avis de Carnot et de trois autres membres, la ligne d’une guerre à outrance contre tous les princes européens, avec peine de mort pour les officiers et les garnisons des places frontières qui parlementeraient ou se seraient rendues à l’ennemi. Il aurait mis dans la balance son approbation au renouvellement des pouvoirs du Comité(77)cf. AHRF 1958 (n°4), A. RUFER, En complément des Dropmore Papers, pp. 17-18.

Réferences

Réferences
1 Pour sa généalogie, cf. Maurice DOMMANGET, La famille de Saint-Just, in Annales révolutionnaires, 1913, pp. 517-521
2 cf. Albert SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, pp. 946-947
3 cf. Bernard VINOT, Saint-Just, Paris, Fayard, 1985, pp. 46-48 ; A. SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, p. 947
4 cf. Bernard VINOT, Saint-Just, p. 189
5 cf. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc., supprimés ou omis par Courtois, t. II,, Paris, Baudouin, 1828, p. 7
6 cf. B. VINOT, Saint-Just, p. 196
7 cf. Madeleine-Anna CHARMELOT, Autour Saint-Just, AHRF 1966, p. 74
8 cf. B. VINOT, Saint-Just, p. 195
9 cf. L. JACOB, Robespierre et Villain d’Aubigny, AHRF 1950 p. 259
10 cf. B. VINOT, Saint-Just, p. 197
11 cf. Albert OLLIVIER, Saint-Just et la force des choses, Hachette (LDP), 1966, pp. 495-504
12 cf. B. VINOT, Saint-Just, pp. 191-192
13 cf. B. VINOT, Saint-Just, pp. 57-58
14 cf. B. VINOT, Saint-Just, pp. 81-99 ; A. SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, p. 947
15, 18, 21 cf. A. SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, p. 947
16 cf. A. MATHIEZ, La réorganisation du Gouvernement révolutionnaire, AHRF 1927 pp. 52-55
17 cf. Annales Révolutionnaires 1923, A. MATHIEZ, La dictature économique du Comité de Salut Public, pp. 459-460 (+ note 1)
19 cf. Françoise BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, Bruxelles, Complexe, 1989, pp. 59-61 ; A. MATHIEZ, La Terreur instrument de la politique sociale des robespierristes – Les décrets de ventôse sur le séquestre des biens des suspects et leur application, AHRF 1928 pp. 211-212
20 cf. F. BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, pp. 46-50
22 cf. Albert SOBOUL, Notes inédites de Saint-Just, AHRF 1949 p. 292, d’après A. N., F7 4436 A
23 cf. Mémoires sur Carnot par son fils, t. I, Paris, Pagnerre, 1861, pp. 531 & suiv.
24 cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, pp. 77-79 (notes)
25 cf. A. MATHIEZ, Les divisions dans les comités de gouvernement à la veille du 9 thermidor in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, p. 156
26 cf. A. MATHIEZ, Les divisions dans les comités de gouvernement à la veille du 9 thermidor in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 156-157
27 cf. A. MATHIEZ, Les divisions dans les comités de gouvernement à la veille du 9 thermidor in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, p. 157
28 cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, pp. 67-68 (note)
29 cf. Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, Pièces justificatives, n°XXX, pp. 131-132
30 cf. A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, pp. 46-47 ; M.-L. LEVY-SCHNEIDER, Les Démêlés dans le Comité de Salut public avant le 9 thermidor, La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine, t. XXXVIII, 1900, pp. 99 & suiv., d’après A. N., F7 4669
31 cf.  Michel EUDE, Le Comité de Sûreté générale en 1793-1794, AHRF 1985 p. 300
32 A. OLLIVIER, Saint-Just et la force des choses, Hachette (LDP), 1966, p. 152
33 cf. Françoise BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, pp. 87, 96
34 cf. A. MATHIEZ, La terreur, instrument de la politique sociale des robespierristes, AHRF 1928 p. 210 (+ note)
35 cf. F. FORTUNET, Sur la datation des « Fragments sur les institutions républicaines », AHRF 1982 pp. 452-454 ; dans « Essai de bibliographie critique » des Actes du colloque Saint-Just, Paris, 1968, J.-P. Gross fait plutôt démarrer leur rédaction à la fin germinal
36 cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. 21 Paris, Plon, 1861, p. 291
37 cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards Chap. VI, p. 165
38 cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards Chap. VI, pp. 145-146
39 cf. A. MATHIEZ, Girondins et Montagnards Chap. VI, pp. 162-163
40 cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, pp. 157-158 (+note)
41 cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 158 (note)
42 cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 159 (note)
43 cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, pp. 159-160 (+ note)
44 cf. Alphonse AULARD, Recueil des actes du Comité de Salut public t. XV,, Paris, Impr. nat., 1903, pp. 461 (note)462 (note) ; J. CHARAVAY, Catalogue d’une importante collection de documents autographes et historiques sur la Révolution française depuis le 13 juillet 1789 jusqu’au 18 brumaire an VIII, Paris, 1862, p. 72
45 cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 158
46 cf. Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 10, p. 543 (note 2), d’après Bibl. Sorbonne, HFr 140
47 cf. A. N., F7 4432
48 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 219, d’après Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, Paris, Impr. nat., an IV, p. 65 (notes 4 & 5)
49 cf. E.-B. COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, pp. 66-67 (note 2, attestation de Chevrillon) ; A. N., F7 4432 (ordre de transfert du Comité de sûreté générale)
50 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 221 ; A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 210-211
51 cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 165
52 cf. A. AULARD, Recueil des actes du Comité de Salut public t. XV, pp. 459-460
53 cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 210-211
54 cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, p. 212
55 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 287 (+ note 2), d’après A. N., AFII 47 pl. 368 17 (déclaration de Hugot devant J.-L. Pierre, secrétaire principal du Comité de salut public, le 10 thermidor, à 13 h.)
56 cf. Séance extraordinaire du 9 thermidor — Procès-verbal de la séance, in P.-J.-B. BUCHEZ & P.-C. ROUX, Histoire parlementaire de la Révolution, t. XXXIV, p. 55 ; P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 280
57 cf. Rapport […] à la Convention nationale. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-just Payan, etc., supprimés ou omis par Courtois. Paris, 1828
58 cf. A. SOBOUL, Notes inédites de Saint-Just, AHRF 1949 p. 289
59 cf.  Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport (…) sur les événements du 9 thermidor…, Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, Pièces justificatives, n°XXXIX, p. 213
60 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, pp. 317-318 (+ note 1), d’après A. N., W 434 975 ; Rapport du commandant des Gravilliers (A. N., AFII 47 366 27)
61 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 320, d’après A. N., W 434 975
62 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, pp. 322-323, d’après Journal de Perlet n°675 (12 thermidor an II)
63 cf.  A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, pp. 42-44
64 cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, pp. 226, 231
65 cf. R. de GRANDSAIGNES, Enquête sur les bulletins de Dropmore, AHRF 1957, pp. 232-233 + note 1 (sur les différentes versions qui ont circulé)
66 cf. A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, p. 56
67 cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, p. 226
68 cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, pp. 230-231
69 cf. R. de GRANDSAIGNES, Enquête sur les bulletins de Dropmore, AHRF 1957, pp. 234-235
70 cf. A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, pp. 47-50
71 cf. A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, pp. 54-55, mentionnant la reproduction de la lettre de Las Casas dans la Revue de la Révolution, tome II, Documents, pp. 161-165
72 cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, p. 232
73 cf. R. de GRANDSAIGNES, Enquête sur les bulletins de Dropmore, AHRF 1957 pp. 234-235 (+notes 5-9)
74 cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, pp. 233-238
75 cf. A. MATHIEZ, L’Histoire secrète du Comité de Salut public, Revue des Questions Historiques t. LI, 1914, pp. 47-50 ; Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, pp. 232-233, 242-244
76 cf. Revue Rétrospective n°9 sér. 2 t. IV, 1835, Un discours de Saint-Just au Comité de Salut public, p. 246 ; AHRF 1957, R. de GRANDSAIGNES, Enquête sur les bulletins de Dropmore, p. 237 + note
77 cf. AHRF 1958 (n°4), A. RUFER, En complément des Dropmore Papers, pp. 17-18
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