Moïse Antoine Pierre Jean Bayle, dit
Age : Né à Montpellier (Hérault), entre 33 et 39 ans en thermidor
Adresse : 1503 rue (Saint-)Honoré
Fonction(s) : Elu député des Bouches-du-Rhône à la Convention le 7 septembre 1792. Entré au Comité de sûreté générale le 14 septembre 1793.
Sommaire
Origine et débuts politiques de Moyse Bayle
Issu d’une famille ayant fui les persécutions religieuses après la Révocation de l’Edit de Nantes(1)cf. Martyn LYONS The 9nth Thermidor — Motives and effects, European Studies Review, 1975, p. 138, Moyse Bayle était établi à Marseille quand éclata la Révolution. Il devint procureur-syndic des Bouches-du-Rhône, avant d’être envoyé par ce département siéger à la Convention en septembre 1792.
Ayant choisi les bancs de la Montagne, il vota pour la mort du roi « dans les vingt-quatre heures » puis fut ensuite envoyé en mission dans la Drôme et les Bouches-du-Rhône. Il dut quitter précipitamment Marseille dont les sections avaient basculé dans le fédéralisme, et dénonça à son retour à Paris durant l’été 1793 les excès de son Tribunal populaire(2)cf. A. ROBERT & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. I, pp. 211-212 ; Sergio LUZZATTO, Bonbon Robespierre — La Terreur à visage humain, Arlea, 2010, p. 40.
Suite au scandale de la liquidation de la Compagnie des Indes qui entraina un vaste renouvellement du Comité de sûreté générale, Moyse Bayle en devint membre le 14 septembre 1793, en même temps que Vadier, Le Bas, David, Rühl, Lebon, Panis et Voulland(3)cf. Emilie CADIO, Le Comité de sûreté générale (1792-1795), in La Révolution française — Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française 3|2012, p. 5.
Moyse Bayle au sein du Comité de Sûreté Générale
Jusqu’en novembre 1793, il exerça au sein du Comité de sûreté générale la fonction de trésorier. Celle-ci fut ensuite exercée par un secrétaire du Comité, Pijeau-Villiers(4)cf. Michel EUDE, Le comité de sûreté générale de la Convention, in « L’Etat et sa police en France (1789-1914) », 1979, Droz, p. 16.
Les membres du Comité se répartissant le travail par régions, Bayle fut chargé, avec Voulland et Vadier, de celle du Nord et de l’Est(5)cf. Emilie CADIO, Le Comité de sûreté générale (1792-1795), in La Révolution française — Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française 3|2012, p. 6 .
Avec Cambon et Johannot, il fut chargé d’examiner les papiers du banquier suisse Perregaux, impliqué par le duc du Châtelet dans une tentative de corruption et décrété d’arrestation depuis le 24 frimaire. Le 3 nivôse an II, Cambon le blanchit entièrement à la Convention, qui décrète sans discussion sa libération(6)cf. Albert MATHIEZ, Le banquier Perregaux, Annales révolutionnaires 1919, pp. 247-249 ; G. WALTER, Maximilien de Robespierre, Gallimard, édition de 1989, p. 445.
Le 9 nivôse an II, Moyse Bayle retrouva Cambon : tous deux, ainsi que Dupuis, Du Barran et Robert Lindet furent chargés par le Comité de salut public, le Comité de sûreté générale, le Comité des finances et la Commission des subsistances de surveiller la commission formée de dix banquiers et agents de change (à la tête de laquelle on retrouvait également Perregaux), de recenser et de collecter ces créances pour le Trésor public(7)cf. A. MATHIEZ, Encore le banquier Perregaux, Annales révolutionnaires 1920, p. 238.
Moyse Bayle aurait vivement critiqué, au cours de l’an II, la mission de Barras et Fréron à Marseille(8)cf. Michel EUDE, Le Comité de Sûreté générale en 1793-1794, AHRF 1985, p. 304. Les Mémoires de Barère le présente également comme s’étant opposé précocement à la Loi du 22 prairial aux côtés de Vadier(9)cf. Mémoires de B. Barère (…), Paris, J. Labitte, 1842, vol. II, p. 205; A. MATHIEZ, Les divisions dans les comités de gouvernement à la veille du 9 Thermidor, in « Autour de Robespierre », Payot, 1957, p. 158.
Moyse Bayle pendant le 9 Thermidor
Vraisemblablement en début d’après midi, Moyse Bayle, Du Barran et Lacoste chargent Pasté d’arrêter Payan et de l’incarcérer à Sainte-Pélagie(10)cf. Arnaud-Louis-Raoul de MARTEL, Types révolutionnaires. Etudes sur Fouché t. 2, Plon, 1879, p. 157 (+ note 2), où est également envoyé Dumas.
Moyse Bayle fait partie, aux côtés de Collot d’Herbois, Amar, Léonard Bourdon, Fréron, Tallien, Panis, Carnot, Dubois-Crancé, Vadier, Javogues, Dubarran, Fouché et Granet, de la liste des factieux décrétés d’arrestation par la Commune « pour délivrer la Convention de l’oppression où ils la retiennent » pour avoir « osé plus que Louis XVI lui-même » en arrêtant Robespierre et ses proches(11)cf. A. MATHIEZ, Robespierre à la Commune le 9 Thermidor, in « Autour de Robespierre », Payot, 1957, p. 223, d’après A. N., F7 4432.
Le 10 thermidor vers 15 h., il signe l’envoi de 66 prisonniers (parmi lesquels Fleuriot-Lescot) à la Conciergerie(12)cf. Paul SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 331 (+ note 1), d’après A. N., W 79 ?.
Révélations sur son rôle à l’approche de Thermidor
Le député dantoniste Laurent Lecointre affirmera dans son premier mémoire thermidorien que deux jours après la promulgation de la loi du 22 prairial, Moyse Bayle et Amar lui affirmèrent devant témoins dans le Salon de la Liberté (qui menait à la salle des séances de la Convention) que les Comités de salut public ou de sûreté générale n’avaient pris aucune part dans son élaboration(13)cf. Laurent LECOINTRE, « Robespierre peint par lui-même et dénoncé par ses propres principes (…) », impr. du Rougyff, s.d. (an II), p. 3.
Dans Les crimes des sept membres des anciens Comités de salut public et de sûreté générale, Laurent Lecointre dit tenir de Moyse Bayle le fait que le Comité de sûreté générale bloquait toute nouvelle proscription de députés(14)cf. Laurent LECOINTRE, « Les crimes des sept membres des anciens Comités de salut public et de sûreté générale (…) », an III, p. 13.
Le 6 germinal an III, au moment où était discutée la responsabilité de Billaud-Varenne, Collot d’Herbois, Barère et Vadier dans la tyrannie de Robespierre, Cambon déclara à la Convention avoir préparé, avec le soutien de Moyse Bayle, un acte d’accusation contre Robespierre deux mois avant thermidor. Seuls d’autres membres du Comité des finances comme des comités de gouvernement les auraient convaincus d’attendre, malgré le rejet unanime que semblait susciter le Bureau de police générale. Le 7 thermidor encore, Bayle l’aurait ainsi rassuré, après le discours apparemment élogieux de Barère : « C’est un encens meurtrier que nous brûlons à Robespierre »(15)cf. A. MATHIEZ, Girondins et montagnards, chap. VI, pp. 166-167.
Moyse Bayle après le 9 Thermidor
Successivement attaqué pour modérantisme durant sa mission à Marseille et pour son jacobinisme, Moyse Bayle est arrêté le 16 germinal an III (5 avril 1795) et ne retrouva la liberté qu’à l’amnistie de brumaire an IV. Il survécut difficilement sous le Directoire puis sous le régime bonapartiste, pendant lequel il fut exilé. Il mourut dans la précarité en 1815(16)cf. A. ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. I, p. 212 ; Gazette nationale ou le Moniteur universel, 10 germinal an III (30 mars 1795), p. 773 .
Réferences