LEGENDRE

Louis Legendre

Age : Né à Paris, 42 ans en Thermidor an II

Adresse : rue de Beaune, « n° près le pont »

Métier : Boucher

Fonction(s) : Député de Paris à la Convention depuis le 10 septembre 1792, membre du Comité de sûreté générale après Thermidor

Sommaire

Origines et parcours politique de Louis Legendre

Boucher comme son père avant lui (après avoir été matelot durant sa jeunesse)(1)cf. J. TULARD, J.-F. FAYARD et A. FIERRO, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Robert Laffont, 1987, p. 943, Louis Legendre fut un participant actif aux journées des 14 juillet 1789, 20 juin et 10 août 1792. Il se serait en revanche abstenu de participer au rassemblement du champ de mars en mars 1792, après en avoir été, comme Danton, l’un des instigateurs(2)cf. A. ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, p. 64. Il fut un fougueux orateur aux Jacobins et surtout aux Cordeliers dont il était l’un des fondateurs.
A la Convention, il siège aux côtés de Danton et s’illustrera par son implication contre le roi au cours de son procès, puis en mai 1793 contre les Girondins. Il avait accompli entre temps une mission à Lyon de mars à la mi-avril 1793, quand la tension se renforçait entre châliers et modérés(3)cf. J. TULARD, J.-F. FAYARD et A. FIERRO, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Robert Laffont, 1987, p. 943.

Défendant tout d’abord Danton après son arrestation, il l’abandonna avant que la Convention n’entérine l’initiative(4)cf. A. ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, p. 64. Le 18 germinal, deux jours après l’exécution de Danton, Legendre aurait dénoncé successivement à la Convention et aux Jacobins une lettre anonyme d’un « admirateur » et qui l’invitait à prendre la tête d’une sédition soutenue par des prisonniers qui se libéreraient de la prison du Luxembourg et à s’armer pour assassiner Robespierre et Saint-Just(5)cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 250.

Le 20 germinal, il reçut encore une nouvelle lettre anonyme l’enjoignant à conspirer contre Robespierre pour l’empêcher d’asseoir sa dictature. Un mois plus tard, son auteur, Roch Marcandier, un ancien secrétaire de Camille Desmoulins, lui renouvelle son appel en signant sa lettre. Legendre les apporta successivement au Comité de salut public et au Comité de sûreté générale(6)cf. Rapport […] à la Convention nationale. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-just Payan, etc., supprimés ou omis par Courtois, t. I, Paris, 1828 p. 183, lequel put l’appréhender. Condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, Marcandier fut exécuté le 24 messidor(7)cf. Albert MATHIEZ, Les intrigues contre Robespierre au printemps 1794 — Truchon et Roch Marcandier in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 188-191.

Legendre pendant le 9 thermidor

A la Convention

Louis Legendre n’intervint pas durant la première séance de la Convention. Une anecdote le montre hésitant, demandant à Thuriot de le rayer de la liste des orateurs. Une anecdote le montre hésitant au cours de la séance de la Convention, demandant à Thuriot de le rayer de la liste des orateurs(8)cf. J. TULARD, J.-F. FAYARD et A. FIERRO, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Robert Laffont, 1987, p. 943.

Il prit en revanche la parole aux débuts de la séance extraordinaire (en soirée), pour exhorter ses collègues au courage après que d’autres députés aient rapporté des nouvelles sur les débuts de l’insurrection à la Commune(9)cf. Archives Parlementaires, t. XCIII, p. 588 ; Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, p. 339 ; Journal de la Montagne, n°93 bis.

Dans les rues de Paris, à la fin de l’insurrection

Nommé adjoint de Barras par la Convention, il investit et ferme le club des Jacobins dans les premières heures du matin du 10 thermidor(10)cf. A. ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, p. 64.

Legendre durant l’époque thermidorienne

Le 13 fructidor an II à la Convention, au lendemain de l’offensive de Lecointre contre Billaud-Varenne, Collot d’Herbois, Barère, Vadier, Voulland, David et Amar, Legendre reconnut avoir été préalablement consulté pas son auteur. Désavouant l’initiative de son collègue, Legendre affirma avoir conseillé à Lecointre de ne jamais prononcer son discours(11)cf. Laurent LECOINTRE, « Les crimes des sept membres des anciens Comités de salut public et de sûreté générale (…) », Paris, Maret, an III, p. 37.

Le 12 vendémiaire an III (3 octobre 1794) toutefois, à l’occasion de la dénonciation à la Convention d’un des membres de la section Lepelletier pour son engagement aux Jacobins en faveur des robespierristes le 9-Thermidor, Legendre reprit les accusations de Lecointre :

— « Oui, il existe des complices de Robespierre (…). Ce sont ceux qui le lendemain de son suplice sont venus nous dire insolemment : « Il y a six mois que nous savions que Robespierre conspirait ; nous ne l’avons pas voulu dire dans la crainte de causer des déchirements » (…) Robespierre, Couthon, Saint-Just ont été dénoncés, parce que Billaud, Collot, Barère en sont devenus jaloux »(12)cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXII, Paris, Plon, 1862, p. 138 ; Albert SOBOUL & Raymonde MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, Paris, Publ. de la Sorbonne, 1985, p. 95 ; Gérard WALTER, La Conjuration du Neuf Thermidor, Gallimard, 1974, p. 455.

Legendre revint à plusieurs reprises sur les journées du 9-Thermidor devant la Convention.
Le 6 germinal an III, il attestait de la présence de Maurice et Françoise Françoise Duplay lors de la séance où fut arrêté Robespierre(13)cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Plon, 1946, p. 198 (+ note 2).
Le 22 thermidor an III, il témoigna du rôle primordial de Fouché dans le déroulement de ces journées(14)cf. Louis MADELIN, Fouché 1759-1820, pp. 165, 166, 172, 197, d’après la séance du 22 thermidor an III, Réimpression de l’ancien Moniteur t. XXV, Paris, Plon, 1862, pp. 453 & suiv..

Au moment des émeutes des 12 germinal et 1er prairial, Legendre dirigea les troupes chargées de réprimer l’insurrection et s’acharna ensuite contre les Montagnards ayant soutenu le mouvement (Romme, Bô, Laignelot…). Il s’éleva, en revanche, contre Rovère au début de l’an IV, pour sa participation à l’insurrection royaliste.
Au Conseil des Anciens où il fut reconduit, il s’éleva contre toute indulgence vis à vis des émigrés mais aussi envers tous les anciens conventionnels s’étant ralliés à Babeuf. Il mourut en 1797(15)cf. A. ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, pp. 64-65.

Nota bene

Confusion possible avec le conventionnel nivernais François-Paul Legendre, 35 ans en Thermidor, envoyé en mission dans son département et dans l’Allier puis dans le Cher.

C’est François-Paul Legendre, envoyé en mission dans son département d’août à octobre 1793(16)cf. A. ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, p. 63, qui soutint Fouché en octobre 1793 à l’issue de ses missions à Nevers et Moulins et non Louis Legendre(17)cf. L. MADELIN, Fouché 1759-1820, pp. 114-115 (+ notes). François-Paul Legendre est l’auteur d’un Rapport fait à la Convention nationale, dans la séance du 17 brumaire, an III, sur l’état présumé des ressources de la République (…).

Il semble en revanche que ce soit bien Louis Legendre qui fut, début messidor (un mois avant la chute de Robespierre) suivi par les espions de Guérin pour le compte du Comité de salut public. Une de ces filatures le décrivit comme s’entretenant avec le général Parein, impliqué dans la répression lyonnaise en tant que président de la « Commission révolutionnaire » (dite « Tribunal des sept« )(18)cf. Rapport […] à la Convention nationale. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-just Payan, etc., supprimés ou omis par Courtois, t. I, Paris, 1828 p. 366.

Réferences

Réferences
1, 3, 8 cf. J. TULARD, J.-F. FAYARD et A. FIERRO, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Robert Laffont, 1987, p. 943
2 cf. A. ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, p. 64
4, 10 cf. A. ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, p. 64
5 cf. Réponse de Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier aux imputations de Laurent Lecointre (réimpression), in La Révolution française, revue d’histoire moderne & contemporaine t. XXXIV, 1898, p. 250
6 cf. Rapport […] à la Convention nationale. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-just Payan, etc., supprimés ou omis par Courtois, t. I, Paris, 1828 p. 183
7 cf. Albert MATHIEZ, Les intrigues contre Robespierre au printemps 1794 — Truchon et Roch Marcandier in « Autour de Robespierre » Payot, 1957, pp. 188-191
9 cf. Archives Parlementaires, t. XCIII, p. 588 ; Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXI, Paris, Plon, 1861, p. 339 ; Journal de la Montagne, n°93 bis
11 cf. Laurent LECOINTRE, « Les crimes des sept membres des anciens Comités de salut public et de sûreté générale (…) », Paris, Maret, an III, p. 37
12 cf. Réimpression de l’ancien Moniteur, t. XXII, Paris, Plon, 1862, p. 138 ; Albert SOBOUL & Raymonde MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, Paris, Publ. de la Sorbonne, 1985, p. 95 ; Gérard WALTER, La Conjuration du Neuf Thermidor, Gallimard, 1974, p. 455
13 cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Plon, 1946, p. 198 (+ note 2)
14 cf. Louis MADELIN, Fouché 1759-1820, pp. 165, 166, 172, 197, d’après la séance du 22 thermidor an III, Réimpression de l’ancien Moniteur t. XXV, Paris, Plon, 1862, pp. 453 & suiv.
15 cf. A. ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, pp. 64-65
16 cf. A. ROBERT, E. BOURLOTTON & G. COUGNY, Dictionnaire des parlementaires français (…) de 1789 à 1889 t. IV, p. 63
17 cf. L. MADELIN, Fouché 1759-1820, pp. 114-115 (+ notes). François-Paul Legendre est l’auteur d’un Rapport fait à la Convention nationale, dans la séance du 17 brumaire, an III, sur l’état présumé des ressources de la République (…)
18 cf. Rapport […] à la Convention nationale. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-just Payan, etc., supprimés ou omis par Courtois, t. I, Paris, 1828 p. 366
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2 réflexions au sujet de « Legendre »

  1. Tony Berry

    Bonjour à vous,

    Je voulais vous féliciter pour votre blog qui est très bien fait, sur un sujet qui me passionne, j’aimerais beaucoup pouvoir vous aider, j’ai déjà écrit pas mal de textes et lu beaucoup au sujet de la période révolutionnaire. Je n’ai pas trouvé d’autre moyen de vous écrire, j’espère que vous pourrez lire ce message.

    Avec mes meilleurs encouragements,
    T. Berry.

    Répondre
    1. Jean-Baptiste Auteur de l’article

      Merci beaucoup pour vos encouragements, je vous ai adressé une réponse plus conséquente sur votre adresse personnelle.
      Cordialement

      Répondre

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