Situation de la section des Arcis

Avec 11.800 habitants dont 850 indigents, la section des Arcis est la plus densément peuplée de la Capitale. Située entre le Châtelet et l’Hôtel de Ville, elle est l’une des principales sections patriotes du centre de Paris. Elle conserve, après la victoire des modérés le 20 vendémiaire an III, une importante minorité sans-culotte et jacobine. Sa société populaire fut dissoute le 10 floréal an II⁽¹⁾cf. Albert SOBOUL & Raymonde MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, Paris, Publ. de la Sorbonne, 1985, p. 225 ; Gérard WALTER, La Conjuration du Neuf Thermidor, Paris, Gallimard, 1974, p. 176.

L’assemblée générale de la section des Arcis se réunit dans l’église de Saint-Jean-en-Grève, située dans la section de la Maison-Commune⁽²⁾cf. E. DUCOUDRAY, R. MONNIER, D. ROCHE (dir.), Atlas de la Révolution française vol. 11, EHESS, 2000, carte annexe.

Personnel de la section des Arcis

Représentants à la Commune

Lepine père⁽³⁾cf. Almanach national de France (…) l’an deuxième, impr. de Testu, p. 391 (Joseph Advenet de son vrai nom), administrateur des travaux publics, est arrêté le 26 messidor an II (14 juillet 1794) pour abus de pouvoir et proximité avec Hébert et Vincent⁽⁴⁾Soboul et Monnier ne mentionnent pas qu’il fut représentant de la section au Conseil général. Cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 234 ; Paul SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, pp. 166-167 ; Michel EUDE, La Commune robespierriste Ch. 2, AHRF 1934 p. 551 ; A. AULARD, Recueil des actes du Comité de Salut public t. XV, Paris, Impr. nationale, 1903, p. 164 (signé par Saint-Just).

• Paffe (François-Auguste), marchand bonnetier, 240 rue de la Joaillerie⁽⁵⁾cf. Almanach national de France (…) l’an deuxième, impr. de Testu, p. 391, 41 ans. Membre du Conseil général de la Commune, il assiste à sa séance exceptionnelle du 9 thermidor. Il y est arrêté au petit matin du 10 thermidor, et guillotiné le lendemain⁽⁶⁾cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 374 ; Albert SOBOUL & Raymonde MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, Paris, Publ. de la Sorbonne, 1985, p. 226 ; A. N., W 434 977.
• Jérôme (Nicolas), tourneur, 213 rue St-Jacques-la-Boucherie⁽⁷⁾cf. Almanach national de France (…) l’an deuxième, impr. de Testu, p. 391, 44 ans, officier municipal, élu directeur des postes le Paris le 19 juillet 1793. Ayant assisté à la séance exceptionnelle du Conseil général le 9 thermidor, il est envoyé en députation aux Jacobins le 10 thermidor à 2 h. du matin. Arrêté une heure plus tard à son retour par une patrouille de la section de la Halle-aux-Blés, il est guillotiné le 11 thermidor⁽⁸⁾cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 369 ; A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, pp. 225-226, d’après A. N., W 434 976.

Comités sectionnaires

Une très nette majorité des membres du comité révolutionnaire de la section des Arcis dont la situation personnelle nous est connue, exercent des professions d’artisans ou de commerçants⁽⁹⁾cf. Raymonde MONNIER, De l’an III en l’an IX, les derniers Sans-culottes, AHRF 1984, p. 387, d’après A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II.

Comme le comité révolutionnaire, le comité civil siège dans la rue Jean Pain Mollet⁽¹⁰⁾cf. E. DUCOUDRAY, R. MONNIER, D. ROCHE (dir.), Atlas de la Révolution française vol. 11, EHESS, 2000, p. 132. Parmi ses membres :

• Armand (Alexandre), graveur, 49 ans, 48 quai Pelletier. Membre du cercle constitutionnel en l’an VI⁽¹¹⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 226 ; I. WOLLOCH, Jacobin Legacy, Princeton, 1970.
• Deshureau ou Dehureau (Jean), ex-épicier, rentier, arrêté le 14 thermidor an II pour avoir prêté serment et signé une liste à la Commune pendant le 9 thermidor, il est acquitté le 15 fructidor suivant. Membre du comité de surveillance du 7e arrondissement en pluviôse an III⁽¹²⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 226, d’après A. N., F7 4666 d., W 444 d. 72.
• Tugot (Antoine), orfèvre, 2 rue de la Poterie, 36 ans, arrêté le 14 thermidor an II pour avoir prêté serment et signé une liste à la Commune pendant le 9 thermidor, il est acquitté le 15 fructidor suivant⁽¹³⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 227, d’après A. N., F7 4775 35 d., W 444 d. 72.

Garde nationale

La Garde nationale de la section est rattachée à la 6ème légion⁽¹⁴⁾cf. E. DUCOUDRAY, R. MONNIER, D. ROCHE (dir.), Atlas de la Révolution française vol. 11, p. 68.

• Fournier (Pierre, Joseph), commandant du bataillon⁽¹⁵⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 228.
• Goix (Jean), marchand-batteur d’or, commandant en second de la section des Arcis, arrêté le 14 thermidor an II pour avoir prêté serment et signé une liste à la Commune pendant le 9 thermidor, il est acquitté le 15 fructidor suivant. Remplacé au poste de commandant en second par un parent (Guillaume Goix) ?⁽¹⁶⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 228, d’après A. SOBOUL, Les sans-culottes parisiens en l’an II. Mouvement populaire et Gouvernement révolutionnaire. 2 juin 1793 – 9 thermidor an II ; K. TONNESSON, La défaite des sans-culottes, Oslo, 1959 ; A. N., W 444 d. 72
• Roger (Charles), employé au Mont-de-Piété, vétéran de la garde nationale. Emprisonné après le 9 thermidor pour avoir fait battre la générale (toujours détenu en vendémiaire an III)⁽¹⁷⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 229, d’après F7 4775 97 d..
• Poupart (Antoine), orfèvre, 37 ans, rue de la Verrerie, capitaine de la compagnie de canonniers. Détenu du 14 thermidor jusqu’à fructidor an II pour avoir été vu serrant la main d’Hanriot pendant le 9 thermidor. Dénoncé comme dangereux en nivôse an IX⁽¹⁸⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 229, d’après F7 4775 81 d..

Autres personnalités de la section

• Monnier (Benoist), tailleur, 32 ans, 10 rue Jean Pain Mollet, ex-président de la société populaire de la section des Arcis, jacobin, dénoncé en l’an III comme protégé de Couthon et comme ayant lu aux assemblées des discours de Robespierre. Arrêté en prairial puis de germinal à thermidor an III. Approché par les babouvistes en l’an IV, il figure dans une liste de personnalités à arrêter en l’an IX⁽¹⁹⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 231.
• Damour (Jean, François), tailleur, 47 ans, officier de paix, quai des Guesvres puis rue de l’Enfer. Dénoncé pour s’être vanté à l’assemblée générale de la section des Arcis (ou au Conseil général ?) d’avoir détaché Hanriot dans la nuit du 9 au 10 thermidor, il est arrêté peu après. Libéré en pluviôse an III, il est à nouveau arrêté en prairial suivant⁽²⁰⁾Selon J. Palou, Sainte-Claire Deville se serait trompé en situant son intervention du 9 thermidor à l’assemblée de section et en mentionnant comme référence W 79. Cf. J. PALOU, Documents inédits sur le 9 thermidor, AHRF 1958 t.30 pp. 45-46, d’après A. N., W 20 ; A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 233, d’après F7 4660 d., W 79 ; P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 235 (note 1).
• Minier, rue de la Vannerie, 54 ans, employé à la Mairie. Compromis pendant le 9 thermidor, il produisit une déclaration le 12 thermidor suivant⁽²¹⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 235, d’après F7 4774 46 d..
• Monoyer (Jean-Charles), employé à la Commune, père de famille, incarcéré du 12 thermidor an II au 19 frimaire an III pour avoir encouragé la section à rejoindre le parti de la Commune durant la nuit du 9 au 10 thermidor⁽²²⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 235, d’après F7 4774 49 d., F7 4774 95 d. Robin.

La section des Arcis pendant le 9 thermidor

Située dans l’immédiate proximité de l’Hôtel de Ville, la section des Arcis fait partie des premières sections à être en contact avec la Commune insurgée (avec celles du Temple, des Lombards et de l’Homme-Armé). Dépendant militairement de la 6e légion dont le chef provisoire Olivier a laissé exécuter les premiers ordres d’Hanriot, le commandement de la section exécute l’ordre verbal de ses aides de camp de battre la générale et de sonner le tocsin entre 15 et 16 h.⁽²³⁾Goix indique 14h30 pour la réception de l’ordre. Cf. Paul SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, pp. 202, 210 (note 3) ; Rapport de Goix, commandant en second de la section (A. N., AFII 47 366 20).

S’étant rendu dès avant 16 h. à l’Hôtel de Ville en réponse à la convocation d’Hanriot, Fournier, le commandant du bataillon de la section, reçoit de Fleuriot-Lescot la consigne d’aller garder la Trésorerie nationale rue Vivienne.
Alors qu’il retrouve sa troupe quai de Gesvres, Fournier croise brièvement Fauconnier, chef de la 1ère légion qui lui notifie sa nouvelle autorité de remplaçant temporaire d’Hanriot tout en maintenant l’ordre que lui a donné le maire. Sur ordre de Fauconnier, Fournier parvient à la Trésorerie vers 16h30 avec 250 hommes, un canon et 25 canonniers. Ils seront rejoints deux heures plus tard par 150 hommes et les deux canons de la section de l’Homme-Armé.
Quand vers minuit se présente à la Trésorerie nationale Merlin de Thionville, adjoint de Barras doté des pouvoirs de représentant auprès des armées, il aurait été acclamé par l’ensemble des 400 hommes envoyés par la Commune⁽²⁴⁾cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, pp. 207, 258 (+ note 1), 259 (note 3) ; Arnaud-Louis-Raoul de MARTEL, Types révolutionnaires. Etudes sur Fouché t. 2, Plon, 1879, p. 215, d’après le rapport de Fournier (A. N., AFII 47 pl. 364 22).

Sainte-Claire Deville avance que comme celles des Amis de la Patrie et de la Réunion, la section des Arcis aurait envoyé à elle seule 400 hommes vers la Commune, ayant confondu l’effort demandé aux légions de ceux demandés aux sections les composant. Fournier ne parle pour sa part que des 275 hommes (canonniers compris), et de 700 à 800 hommes, ainsi que de l’autre pièce de canon, demeurés en réserve quai de Gesvres⁽²⁵⁾cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 210 (note 3) ; Rapport de Fournier (AFII 47 pl. 364 22).

Dans une note datée du soir même, le commandant en second de la section, Goix informe la Convention avoir cédé à Giot vers 20 h. sa dernière pièce de canon et une soixantaine d’hommes pour aller garder la Mairie⁽²⁶⁾cf. Lettre de Goix (A. N., AFII 47 366 18).
Goix indiquera plus tard n’avoir reçu qu’à 20 h. l’ordre d’arrestation par la Convention de « Dumas et tous les autres », et à 20h30 l’ordre du chef de légion Ollivier de ne pas obéir à Hanriot, ainsi que celui du Comité de Salut Public d’arrêter tous les tambours qui battraient le rappel⁽²⁷⁾cf. Rapport de Goix, commandant en second de la section des Arcis (A. N., AFII 47 366 20).

Vers 1 h. du matin le 10 thermidor, des commissaires civils de la section vinrent rue de la Vannerie, à proximité de l’Hôtel de Ville, lire à haute voix la proclamation de la Convention et la mise hors-la-loi des insurrectionnels. Ils sont arrêtés par des membres du Conseil général, lequel décide d’envoyer des émissaires à la section pour l’éclairer « sur les véritables intérêts du peuple et sur les dangers de la patrie »⁽²⁸⁾cf. Séance extraordinaire du 9 thermidor — Procès-verbal de la séance, in P.-J.-B. BUCHEZ & P.-C. ROUX, Histoire parlementaire de la Révolution (…), t. XXXIV, 1837, p. 55 ; P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II (…), p. 278, d’après A. N., AFII 47 pl. 368 28. L’arrestation du commissaire a été rapportée par un témoin au commandant en second de la section de l’Unité (AFII 47 pl. 364 16).

L’agent du Comité de Salut Public Dulac témoignera un an après les faits que, chargé de lire place de Grève la proclamation de la Convention, il aurait rencontré sur le quai de Gesvres des hommes de la section des Arcis qui lui auraient proposé leur aide, qu’il refusa⁽²⁹⁾cf. Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor…, Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, Pièces justificatives, n°XXXIX, p. 211.

Goix témoignera que son supérieur sollicita Carnot dans la nuit pour que ses hommes participent à la libération des commissaires civils incarcérés à l’Hôtel de Ville. Réponse leur sera faite via le commissaire civil Armand d’attendre que les troupes dirigées par les conventionnels viennent les chercher. Aux côtés de ces derniers, ils participèrent à l’arrestation des membres de la Commune⁽³⁰⁾cf. Rapport de Goix (A. N., AFII 47 366 20). L’historien Sainte-Claire Deville semble indiquer dans ses notes que la section des Arcis s’est jointe à la colonne dirigée par Bourdon, ce que le commandant en second de la section, Goix, ne précise pas⁽³¹⁾cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II (…), p. 304 (+ note 1), d’après les rapports de Goix (AFII 47 366 20) et de l’assemblée générale des Arcis (A. N., F7 4432 pl. 6 5).

Mercier, membre la Commune et envoyé par le Comité d’exécution à l’assemblée générale de la section des Arcis y est arrêté, envoyé au Comité de sûreté générale puis exécuté le 11 thermidor⁽³²⁾cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II (…), p. 373.