Anciennement Section du Ponceau

Situation de la section des Amis-de-la-Patrie

Comptant 16.500 habitants dont 5.300 ouvriers et 500 indigents, la section des Amis-de-la-Patrie est située sur l’actuel boulevard de Sebastopol. Elle compte une forte minorité modérée qui parvient à se faire entendre durant l’an II. Toutefois, après Thermidor, la section demeure à majorité jacobine jusqu’au 20 brumaire an III.
La dissolution de sa société populaire avait eu lieu le 27 floréal an II⁽¹⁾cf. Albert SOBOUL & Raymonde MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, Paris, Publ. de la Sorbonne, 1985, p. 181 ; Gérard WALTER, La Conjuration du Neuf Thermidor, Paris, Gallimard, 1974, p. 171.

L’assemblée générale de la section se réunit — comme son comité révolutionnaire et son comité civil — dans l’église de la Trinité, rue Greneta⁽²⁾cf. E. DUCOUDRAY, R. MONNIER, D. ROCHE (dir.), Atlas de la Révolution française vol. 11, EHESS, 2000, p. 132 (+ carte annexe) ; Ernest MELLIÉ, Les sections de Paris pendant la Révolution Française, Paris, Société d’histoire de la Révolution Française, 1898, p. 51.

Le 28 messidor an II, (16 juillet 1794) à la Convention puis aux Jacobins, Barère mentionne un épisode survenu dans la section des Amis-de-la-Patrie dans son rapport sur les banquets fraternels, dont la pratique s’était généralisée à Paris durant les derniers jours. Au cours de celui qui s’est tenu dans la section, un officier de paix aurait été molesté et même séquestré pendant quelques heures⁽³⁾cf. Rapport fait au Comité de salut public, par Barère sur la suppression des repas civiques & des fêtes sectionnaires, de l’Imprimerie nationale, 1794, p. 6.

Personnel de la section des Amis-de-la-Patrie

Représentants à la Commune

Cailleux⁽⁴⁾cf. Almanach national de France (…) l’an deuxième, impr. de Testu, p. 390, brièvement administrateur des subsistances en août 1793 puis administrateur de police, est arrêté le 25 germinal an II. Remis en liberté le 3 thermidor, il est à nouveau arrêté durant les journées de prairial an III. Après une dernière arrestation au camp de Grenelle, il est condamné à mort le 28 vendémiaire an V⁽⁵⁾cf. Paul SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 379 ; A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 181.

• Chrétien, (Jean-Jacques-Augustin), doreur, 64 rue Bourg-l’Abbé⁽⁶⁾cf. Almanach national de France (…) l’an deuxième, impr. de Testu, p. 390, 38 ans, membre du comité civil de la section en 1793, puis du conseil général à la chute des hébertistes. Il quitte durant la soirée la séance exceptionnelle du 9 thermidor avec son collègue Renouard. Arrêté le 18 thermidor, il est libéré en frimaire an III mais à nouveau arrêté après les journées de prairial. Electeur durant l’an VI⁽⁷⁾cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 364 ; A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 182, d’après A. N., F7 4648 d..
• Renouard, (Antoine-Augustin), fabriquant de gazes, 25 rue Sainte-Apoline⁽⁸⁾cf. Almanach national de France (…) l’an deuxième, impr. de Testu, p. 390, 28 ou 29 ans, jacobin, membre du comité civil de la section en 1793, puis officier municipal à la chute des hébertistes. Aux côtés de Chrétien à l’Hôtel de Ville le 9 thermidor, il retourne dans sa section en même temps que le détachement d’hommes armés de la section. Détenu au Plessis, il est libéré le 13 frimaire an III (3 décembre 1794) mais à nouveau détenu du 5 au 22 prairial suivant. Devenu libraire en 1813, il décède en 1853⁽⁹⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, pp. 182-183, d’après A. N., F7 4774 90 d. ; P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, pp. 375, 379 ; Consortium of european research libraries, Thesaurus.
• Tombe (Antoine-René), 44 ans, chapelier, demeurant 75 rue de la Michodière. Membre de la société populaire de la section, membre de son comité civil avant de rejoindre le Conseil général de la Commune. Tombe aurait été de service au Temple entre le 9 et le 11 thermidor dans la soirée. Arrêté le lendemain et détenu au Plessis, il est libéré le 11 fructidor an II⁽¹⁰⁾Représentant de la section Lepelletier selon Soboul et Monnier. Cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 377 ; A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 93, d’après I. BOURDIN, Les sociétés populaires à Paris pendant la Révolution, Paris, 1937 ; R. LEGRAND, Babeuf et ses compagnons de route, Paris, 1981 ; A. N., F7 4775 31 d..

Comité civil

• Ladainte (Michel), ancien épicier, 58 ans, 312 rue (St-)Martin, juge au Tribunal de commerce depuis avril 1793. Incarcéré du 6 prairial au 14 messidor an III pour avoir notamment « dit que les patriotes étaient sous le couteau depuis le 9 thermidor »⁽¹¹⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 182, d’après A. SOBOUL, Les sans-culottes parisiens en l’an II. Mouvement populaire et Gouvernement révolutionnaire. 2 juin 1793 – 9 thermidor an II, Paris, 1958 ; A. N., F7 4757 d..

Comité révolutionnaire

La totalité des commissaires révolutionnaires dont la situation nous est connue sont artisans⁽¹²⁾cf. Raymonde MONNIER, De l’an III en l’an IX, les derniers Sans-culottes, AHRF 1984, p. 388, d’après A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II.

• Ferrand (François, René), menuisier, exclu de la société populaire des Amis-de-la-Patrie pour avoir mal parlé de Marat, il est dénoncé en nivôse an III pour avoir pris le parti de la Commune durant le 9 thermidor. Détenu du 5 prairial au 25 fructidor an III, il sera signalé comme « Jacobin » en nivôse an IX⁽¹³⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 185, d’après A. N., F7 4774 76 d. Piot ; B. N., Lb40 1689 ; A. P. P., AA 281 p. 434.
• Saurand (Mathieu Sébastien), charpentier, rue Neuve (St-)Denis, détenu du 19 vendémiaire au 19 nivôse an III pour avoir prêté serment à la Commune au soir du 9 thermidor. A nouveau arrêté le 5 prairial suivant, il est libéré le 25 vendémiaire an IV⁽¹⁴⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 185, d’après A. N., F7 4775 21 d. Sorant, F7 4775 14 d., AFII 298 ; B. N., Lb40 1689.
• Sellier (Jean, François), envoyé en mission dans l’ouest en germinal an II, il est détenu du 19 vendémiaire au 3 nivôse an III, puis à nouveau du 5 prairial suivant au 25 vendémiaire an IV. Approché par les babouvistes, il est à nouveau arrêté en floréal an IV⁽¹⁵⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 186, d’après A. N., F7 4775 17 d., F7 4709 d. Fortenfant, F7 4774 53 d., F7 4276 p. 303.

Garde nationale

La Garde nationale de la section des Amis-de-la-Patrie était rattachée à la 6ème légion militaire de la capitale⁽¹⁶⁾cf. E. DUCOUDRAY, R. MONNIER, D. ROCHE (dir.), Atlas de la Révolution française vol. 11, EHESS, 1989, p. 68.

• Dupré, éventailliste, rue Grenetta, caporal d’une compagnie dénoncé par son supérieur pour s’être entretenu avec Hanriot durant le 9 thermidor alors qu’il haranguait le peuple⁽¹⁷⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 183 (+ note), d’après A. N., F7 4695 d..
• Thierry, cordonnier, rue (St-)Martin, commandant du bataillon de la section des Amis-de-la-Patrie, il est arrêté le 18 thermidor an II pour sa participation à l’insurrection de la Commune. Libéré le 6 vendémiaire an III, il est à nouveau brièvement arrêté le même mois. Babouviste, il est inculpé à Vendôme mais acquitté⁽¹⁸⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 184, d’après A. N., F7 4775 28 d., F7 4774 76 d., F7 4276 d., AFII 298.

Autres personnalités de la section

• Pingot ou Paingot (Jean?), marchand de cannes, commissaire de police, 66 rue de Bourg-l’Abbé, capitaine de la force armée. Détenu du 5 prairial au 6 thermidor an III pour terrorisme et son implication aux côtés de la Commune durant le 9 thermidor⁽¹⁹⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 183 (+ note), d’après A. N., F7 4774 61 d., F7 4774 76 d., F7 4733 d. Grizé, F7 699.
• Dorzat (Jacques, Marie), décrété d’arrestation le 10 thermidor⁽²⁰⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 187, d’après A. N., F7 4686 d. Duhamel.
• Duhamel (Claude, Pierre), garçon perruquier, 46 ans, originaire du Loiret, rue Greneta, incarcéré du 10 thermidor au 9 thermidor an III⁽²¹⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 187, d’après A. N., F7 4686 d..
• Gribeauval (Michel, Nicolas), 8 rue Greneta, substitut de l’accusateur public près le Tribunal Révolutionnaire, détenu du 24 thermidor an II au 11 vendémiaire an III⁽²²⁾cf. A. SOBOUL & R. MONNIER, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, p. 188, d’après A. N., F7 4732 d..

La section des Amis-de-la-Patrie pendant les événements de Thermidor

Le 8 thermidor

Le comité révolutionnaire de la section des « Amis-de-la-Patrie » envoie 13 dénonciations contre Dossonville, attestant que son café a été un lieu de réunion des modérés, et qu’il fut lui-même partisan de Lafayette⁽²³⁾cf. Arne ORDING, Le Bureau de police du Comité de salut public : étude sur la Terreur, Oslo, J. Dybwad, 1930, p. 107 (note 3) ; A. N., F7 3822 .

Thiery, commandant de la section assure la garde de la prison du Temple depuis midi jusqu’au 9 thermidor à 3 h. Celle-ci se déroule sans problème particulier⁽²⁴⁾cf. Rapport de Thiéry, commandant de la force armée des Amis-de-la-patrie (A. N., AFII 47 367-5).

Le 9 thermidor

Dans la matinée, les membres du comité révolutionnaire de la section des Amis-de-la-Patrie avaient bu avec Dumas, Coffinhal et Gribauval, et avaient servi de témoins au Tribunal Révolutionnaire⁽²⁵⁾cf. Edme-Bonaventure COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor…, Paris, de l’Imprimerie nationale, floréal an IV, Pièces justificatives, n°XXX, p. 135.

Le commandant la section des Amis-de-la-Patrie, Thiery, reçoit vers 16 h. l’ordre signé Tonnoile, l’adjudant adjoint du chef de la 6e légion Olivier, de faire battre la générale et de mener les hommes armés à la Commune. De concert avec le comité civil de la section, il envoie une lettre au maire qui avec Payan confirme l’ordre par écrit. Il exécute, peu après 18 h. l’ordre de fermeture des barrières⁽²⁶⁾cf. Rapport de Thiéry, commandant de la force armée des Amis-de-la-patrie (A. N., AFII 47 367-5) ; Paul SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, Paris, Plon, 1946, p. 210 (note 3).
Vers 19 h., une délégation du comité révolutionnaire de la section vint demander des ordres à la Commune, sous les applaudissements du Conseil général⁽²⁷⁾cf. Séance extraordinaire du 9 thermidor — Procès-verbal de la séance, in P.-J.-B. BUCHEZ & P.-C. ROUX, Histoire parlementaire de la Révolution, t. XXXIV, p. 49.

Parti à 19 h. avec 400 hommes, Thiery arrive Place de Grève dans la demi-heure qui suit. Participant à l’expédition de Coffinhal, il est témoin de la prise de parole de Hanriot, acclamé à la cour des Tuileries par des canonniers et des municipaux insurgés après sa libération de l’Hôtel de Brionne : « Le Comité de sûreté générale a reconnu mon innocence, je suis toujours votre général »⁽²⁸⁾Cette assertion est confirmée (ou répétée) par l’agent du Comité de salut public Dulac dans sa lettre du 7 thermidor an III. Cf. E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor…, Paris, Impr. nat., floréal an IV, Pièces justificatives, n°XXXIX, pp. 208-209 ; P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, p. 236, d’après le rapport de Thiéry (A. N., AFII 47 367-5) ; Arnaud-Louis-Raoul de MARTEL, Types révolutionnaires. Etudes sur Fouché t. 2, Plon, 1879, p. 233.

Revenu vers 22 h. assister à la séance du Conseil général, Thiéry rapatrie promptement ses troupes, peut être après injonction de commissaires envoyés par la section. Ils furent suivis par les représentants Chrétien et Renouard, après que les membres de la Commune aient été autorisés à s’absenter du Conseil. Informé de l’ordre signé par les adjoints de Barras, Goupilleau de Fontenay et Féraud, il renvoie l’heure suivante ses hommes a la Convention, cette fois-ci pour la garder⁽²⁹⁾cf. P. SAINTE-CLAIRE DEVILLE, La Commune de l’an II. Vie et mort d’une assemblée révolutionnaire, pp. 259, 280 (+ note 2), 290, d’après le rapport de Thiéry et les déclarations du 16 thermidor an II de Chrétien et Renouard devant le Comité révolutionnaire de leur section (A. N., AFII 47 pl. 367 5, F7 4668).

Selon Courtois, cette section a balancé assez longtemps entre la Commune et la Convention. C’est la mise hors la loi de la première qui l’aurait définitivement fait pencher pour la Convention⁽³⁰⁾cf. E.-B. COURTOIS, Rapport sur les événements du 9 thermidor…, Pièces justificatives, n°XXX, p. 134.